Deeptech

Yubik accélère l'optimisation du développement d’applications embarquées

Date:
Mis à jour le 04/08/2023
Après avoir soutenu une thèse de doctorat en informatique, Justine Bonnot a lancé Yubik, dernière-née de la Deeptech. Soutenue par Inria et Bouygues Telecom Flowers, la startup propose à ses clients un logiciel d’optimisation pour le développement d’applications embarquées ou hébergées.
Mains d'un homme tenant un smartphone devant un ordinateut avec des graphiques
© Aleksey Boldin

L’optimisation d’architectures informatiques

Le ciel de la deeptech vient de se parer d’une nouvelle étoile : Yubik, soutenue dès ses origines par Inria, est une startup éditant un logiciel d’aide à la conception d’applications embarquées et cloud. L’originalité du produit ? Permettre aux développeurs de concevoir, de façon automatisée, des architectures optimisées, au plus près du besoin en termes de consommation d’énergie, de vitesse d’exécution, d’espace mémoire alloué, de matériel nécessaire et de temps de développement. En un mot : une optimisation maximale de la conception, pour des coûts réduits et un impact environnemental minime.

Cette innovation intéresse les industriels de l’électronique grand public, de la défense et des télécommunications. Yubik a d’ailleurs pris son envol depuis l’entrée à son capital de Bouygues Telecom Flowers : l’opérateur global de communications français a sélectionné le projet dans le cadre de son programme de diversification Flowers.

Aux commandes de cette toute jeune pousse du numérique, Justine Bonnot, chercheuse en informatique et traitement du signal, porte le projet depuis près de trois ans. L’idée de transformer une innovation issue de recherches académiques en produit commercialisable lui a été suggérée par Olivier Sentieys du centre Inria de l'Université de Rennes. À la tête de l’équipe Cairn, ce chercheur s’intéresse au développement d’architectures informatiques à la fois performantes et sobres en énergie. Il a suivi ainsi de près les travaux de la doctorante, qui bouclait alors sa troisième année de thèse.

Une innovation issue de recherches académiques

Sous la direction de Daniel Ménard, au sein du laboratoire IETR de l’INSA Rennes, elle venait d’obtenir des résultats scientifiques prometteurs. « L’optimisation logicielle devient une contrainte majeure pour de nombreux système embarqués – smartphones, microsatellites, objets connectés, etc., explique Justine Bonnot. Il n’existe cependant pas de solution permettant facilement et rapidement d’optimiser des applications, ce qui devient vite complexe ! J’ai travaillé sur des méthodes mathématiques permettant de modéliser les options de développement et d’en optimiser les choix, au regard de contraintes posées aux développeurs (gestion de l’énergie, optimisation des processeurs, etc.). »

Plutôt que de publier ce dernier fruit de leurs recherches, lesquelles avaient déjà été largement partagées avec la communauté scientifique les années passées, Justine Bonnot et ses encadrants privilégient cette fois-là une autre option : la création d’entreprise. « Nous disposions d’un prototype et en tester l’intérêt pratique semblait un challenge différent de celui d’une publication, se souvient la jeune chercheuse entrepreneuse. J’ai donc essayé d’en évaluer le potentiel en sollicitant différents experts industriels : un peu naïvement, je les ai contactés individuellement pour leur présenter un outil en plein développement ! ». La démarche, prolongée à l’occasion de la conférence Design Automation Conférence, tenue en 2019 à Las Vegas, a cependant été la bonne : la doctorante et son logiciel reçoivent alors un excellent accueil…

Du prototype au produit

Le projet décolle, mais il reste fort à faire : transformer un travail de recherche en produit utilisable et commercialisable. Sa thèse à peine soutenue, Justine Bonnot se lance dans la création d’entreprise, intégrant les enjeux du management de l’innovation grâce à une formation dispensée par la French Tech.  Elle reçoit le soutien d’Inria, via son dispositif Inria Startup Studio, qui permet, outre le financement de son salaire pendant la phase de maturation du logiciel, de s’appuyer sur les ressources de l’institut. « J’ai été accompagnée par Loïc Besnard, ingénieur d’Inria, qui a largement contribué à industrialiser le logiciel : sans lui, nous n’aurions pas accompli cette montée en maturité », confie en toute humilité Justine Bonnot. 2022 sera l’année de l’envol de Yubik et la jeune cheffe d’entreprise aborde les prochaines échéances avec un mélange de sérénité et d’impatience.

Image
Justine Bonnot
Verbatim

Notre technologie est mature et doit maintenant affronter l’épreuve du réel : nous voulons montrer que le logiciel est opérationnel et robuste, qu’il peut s’adapter à des demandes et des environnement variés. Nous envisageons d’accomplir différents tests et applications, répondant à des cahiers des charges précis et exigeants.

Auteur

Justine Bonnot

Poste

Fondatrice de la startup Yubik

Yubik recherche des partenaires industriels auxquels elle propose des prestations sur mesure, et compte réaliser cette démonstration de performance avec des données chiffrées sur les gains en consommation énergétique ou en temps de développement.

Des applications embarquées aux architectures hébergées

Directeur technique, consultants en stratégie commerciale, ingénieurs de développement : l’équipage de la startup doit se renforcer via des compétences pointues dans les prochains mois, avec en ligne de mire la constitution d’une entité d’une dizaine de personnes d’ici à la fin d’année. « À la rentrée universitaire, nous allons même commencer une thèse en convention CIFRE et une seconde l’année prochaine (avis aux amateurs !), renchérit la jeune femme. Le projet est né de travaux académiques, ce que je n’oublie nullement… Nous souhaitons faire du lien entre des recherches pointues et des applications industrielles un élément majeur de notre stratégie de développement. » Une ambition scientifique au service d’un objectif économique, puisque Yubik envisage également de développer à court terme son logiciel pour offrir des services dans le domaine des applications hébergées – comme les solutions "cloud".

Ingénieure et docteure de l’INSA Rennes, Justine Bonnot s’imaginait devenir pilote de ligne lorsqu’elle était étudiante en classe préparatoire scientifique… Un rêve qui ne s’est pas concrétisé, mais qui laisse la place à de formidables opportunités et au pilotage d’un projet tout aussi riche en émotions et en découvertes.

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