Opensource/Logiciel libre

InriaSoft : trois ans, huit consortiums actifs et une adaptabilité sans faille à la diversité des logiciels

Date:
Mis à jour le 18/10/2022
Où en est InriaSoft, le programme de soutien aux logiciels open source créés par des équipes de recherche Inria, et dont l’impact va au-delà de l’activité de recherche ? Trois ans après sa création, l’heure est au point d’étape avec David Margery, responsable du programme.
Pharo : langage de programmation dynamique
© Inria / Photo C. Morel

Accompagner les logiciels open source issus d’Inria dans leur développement économique

Inria mène, depuis plusieurs années déjà, des actions en faveur du logiciel libre ou "open source". Le but : mettre en valeur et diffuser plus largement les travaux de recherche d'Inria et de ses partenaires derrière certains logiciels qu’ils ont conçus dans le cadre de leur mission scientifique, mais dont le niveau de maturité technologique leur permet de dépasser le stade d’outils de recherche et de preuves de concepts académiques.

Un logiciel libre est un logiciel dont l’utilisation, l’étude, la modification et la duplication par autrui en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement, afin de garantir certaines libertés induites, au nombre desquelles le contrôle du programme par l’utilisateur et la possibilité de partage entre individus.

Un positionnement qui a poussé l’institut à lancer en 2017, au travers de la Fondation Inria, un dispositif de soutien aux logiciels open source, issus d'Inria et de ses partenaires, qui sont en mesure d’avoir un impact économique ou sociétal important. Baptisé InriaSoft, ce programme a ainsi pour objectif la pérennisation et le développement de logiciels de recherche open source via la création de consortiums réunissant industriels et laboratoires prêts à mettre des moyens en commun à leur service.

« Notre objectif, c’est d’identifier des logiciels produits par les équipes de recherche Inria et ayant commencé à avoir un impact économique. Ensuite, nous essayons de passer d’une ingénierie pilotée par les équipes de recherche à un copilotage avec les utilisateurs », explique David Margery, responsable du programme InriaSoft.

Les consortiums permettent ainsi d’organiser des communautés de développeurs et d’usagers autour des logiciels, mais aussi de financer les coûts d’ingénierie nécessaires au support des logiciels et à l’animation de ces communautés. Ces consortiums définissent leurs propres règles de fonctionnement, et motivent Inria à mobiliser ou à recruter des ingénieurs pour travailler à proximité immédiate des équipes de recherche à l’origine des différents logiciels.

Trois ans d’existence et une importante diversité de consortiums

Trois ans après sa création, InriaSoft compte onze consortiums à différents stades de maturité : huit sont actifs, et trois encore en construction.

Depuis la publication de cet article, le consortium Shanoir est actif et un autre est en cours de lancement (PowerAPI). D'autres consortiums sont à l'étude autour de RIOT-OS et de Scotch.

Parmi les consortiums actifs, six ont déjà un impact mondial, à l’image de COQ (dont les membres sont tous basés aux États-Unis), SOFA, Scikit-Learn, PlantNet, Pharo (qui est celui comptant à ce jour le plus de membres avec 28 entreprises et 15 universitaires) et enfin Mmg, codéveloppé avec Sorbonne-Université et le CNRS.

Verbatim

SOFA est un excellent outil de simulation avec une communauté mondiale active et solidaire. Le logiciel nous a permis de construire rapidement des prototypes et de tester nos idées dès le début de plusieurs projets de recherche en robotique médicale.  

Auteur

Tim Philipp Pusch

Poste

chercheur à l’institut allemand Fraunhofer-Gesellschaft et membre du consortium SOFA

« La participation au consortium Mmg est avant tout pour TotalEnergies un soutien au développement du logiciel que nous utilisons dans le cadre de travaux de R&D en simulation numérique de processus complexes. Mmg nous permet de construire et de modifier des maillages non structurés pour les adapter aux hétérogénéités du sous-sol et améliorer nos modélisations du stockage géologique du CO2 », explique quant à elle Jeanne Pellerin, R&D Project Leader Computational Geometry and Meshing chez TotalEnergies et membre du consortium Mmg.

InriaSoft comporte également deux autres consortiums actifs : VidjilNet, utilisé par les laboratoires d’analyses biologiques de plusieurs hôpitaux français dans l’analyse du séquençage haut débit de lymphocytes, pour le traitement de la leucémie, et réunissant cinq membres, et medInria, qui sert de base technologique pour deux startups et utilisé par l’IHU Lyric à Bordeaux, pour le traitement et la visualisation d’images médicales.

« La participation au consortium nous a permis d'intégrer VidjilNet dans notre activité de recherche et de soin. Pour un projet sur la leucémie lymphoïde chronique (LLC), vu les résultats très performants, nous n'avons pas tardé à mettre en production l'un de ces outils pour une utilisation dans le cadre du soin. Cette solution va remplacer notre ancienne technique et nous comptons sur la pérennité du logiciel VidjilNet et du consortium » explique Dr Yannick Le Bris, PharmD PhD, responsable de l'Unité d'Hématologie Moléculaire - CHU de Nantes et membre du consortium VidjilNet.

Et pour accompagner au mieux le développement de ces logiciels, InriaSoft mise aujourd’hui sur un suivi sur mesure : « les consortiums ont tous des fonctionnements très différents, de par leurs communautés d’utilisateurs adaptées à chaque logiciel, et des codéveloppeurs également très différents. Notre rôle, c’est de nous adapter à ces communautés, et à cette diversité, pour pouvoir lier dans les meilleures conditions développement scientifique et viabilité du logiciel dans des contextes réels », explique David Margery.

D’ici 2023, InriaSoft a pour objectif ambitieux d’atteindre le nombre de dix logiciels à impact mondial dans son programme.