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Statinf sonde les cœurs des systèmes embarqués

Date:
Mis à jour le 13/12/2023
La toute nouvelle startup Statinf, qui s'appuie sur les recherches effectuées par l'équipe-projet Kopernic d’Inria Paris, a mis au point une technologie prometteuse : elle permet d'évaluer, par le biais de nouvelles approches statistiques et probabilistes, les temps d’exécution des programmes dits « critiques ». Les solutions à venir devraient aider les industriels à effectuer une analyse statistique temporelle de tous les systèmes informatiques embarqués, y compris lorsqu'ils s'appuient sur des processeurs multicœurs.
Logo Statinf

2, 3, 4, 8, 14... et maintenant 18, voire 32 cœurs ou plus... Plus le temps passe et plus les fabricants de microprocesseurs, comme Intel et AMD, ajoutent des cœurs aux puces qu'ils commercialisent. Le but ? Les rendre plus réactives et puissantes, chaque cœur physique étant composé d'un ensemble de circuits capables d’exécuter des programmes de façon autonome. La cible ? Principalement nos ordinateurs, nos tablettes ou nos smartphones, qui sont motorisés par des processeurs dotés de capacités de calcul toujours plus importantes. La limite ?

Il y a parfois des ralentissements ou des interférences entre les programmes qui s'exécutent en parallèle sur plusieurs cœurs 

explique Adriana Gogonel, dirigeante et cofondatrice de Statinf, par ailleurs titulaire d'une thèse sur les méthodes statistiques de prévision des températures, obtenue en 2012 à l'université Paris-Descartes… et ex-karatiste de très haut niveau - elle a été trois fois championne de France en - 65 kg et double championne de Roumanie en - 55 kg. « Car si les processeurs sont dotés de plusieurs cœurs indépendants, ils se partagent un certain nombre de ressources, tels la mémoire cache ou le bus, qui transmet les données entre les différents composants. »

L'actualité qui vient de tomber

Statinf fait partie de la nouvelle promotion Wilco* INDUSTRY (S1 2020) après un processus de sélection similaire à celui d'Agoranov : sélection sur dossier -> Pitch -> Startups sélectionnées pour un programme d'accélération de trois ans !

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Méthodes probabilistes

Pour le commun des mortels, la gêne est peu importante : elle tient surtout à la nécessité de recharger régulièrement les objets connectés. Elle est en revanche rédhibitoire pour les utilisateurs de systèmes embarqués très critiques - par exemple les pilotes automatiques ou les boîtes noires dans les avions, les systèmes de freinage dans les trains, ou encore les régulateurs de vitesse dans les voitures. Par peur d'éventuelles défaillances ponctuelles

les industriels qui opèrent dans ces secteurs rechignent toujours à utiliser des processeurs multicœurs, qui sont pourtant plus rapides 

indique la même chercheuse-entrepreneuse, qui vient d'achever un postdoctorat dans l'équipe-projet Kopernic d’Inria Paris, où elle s'est occupée de concilier l'utilisation des méthodes probabilistes avec les savoir-faire existants dans l'analyse des systèmes informatiques temps réels.« À défaut de disposer de solutions robustes leur permettant d'interpréter les variations possibles des temps d’exécution de leurs programmes, ils continuent de privilégier l'utilisation des processeurs monocœurs, qui ne sont utilisés qu'à hauteur de 25 % de leurs capacités. »

Les industriels n'en sont pas à moins à l'affût de nouvelles solutions susceptibles de les aider à franchir prochainement le pas du « multicœur », comme celle proposée par Statinf, officiellement créée en novembre 2019.

Ce sont des partenaires comme Airbus et Thales, avec lesquels nous avons travaillé dans le cadre de plusieurs projets collaboratifs, qui nous ont encouragés à poursuivre nos recherches et à industrialiser les premiers développements que nous leur avons présentés 

souligne ainsi la chercheuse et cofondatrice de Statinf Liliana Cucu-Grosjean, qui partage désormais son temps entre le lancement de la startup et la direction de l'équipe-projet Kopernic, au centre Inria de Paris. Les grands fabricants d'électronique embarquée (Bosch, Continental, Dassault Aviation, Thales ou Valeo...), très présents et puissants dans l'Hexagone, figurent en outre parmi les premières cibles commerciales de Statinf : « Ces sociétés s'intéressent à la possibilité d'évaluer par de l'analyse statique le comportement temporel des programmes qui utilisent leurs équipements », relève-t-elle.

Un succès probable

Bonne nouvelle pour les cofondatrices : leur startup, sur le point de recruter un premier business developer, a déjà la chance de faire partie des sociétés hébergées par l'incubateur public Agoranov, soutenu par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ainsi que par la région Île-de-France, la ville de Paris et le Fonds social européen. Primée par l'Institut Carnot pour sa capacité à jeter des ponts entre la recherche académique et le monde de l'entreprise, Statinf a en outre effectué plusieurs demandes de subventions et prépare activement sa candidature au prochain concours d'aide à la création d'entreprises innovantes i-Lab, organisé chaque année par Bpifrance et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Hauts les cœurs !

*Wilco est un accélérateur de startup - Photos © Inria / Photo Raphaël de Bengy

Statinf, la startup qui sonde les cœurs des systèmes embarqués