Le modèle Inria de consortiums pour les logiciels open source à l’honneur de la première convention B-Boost

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Mis à jour le 24/04/2020
Les plus grands acteurs de l’open source et du logiciel libre se retrouveront les 6 et 7 novembre 2018 à Bordeaux pour un événement inédit qui a pour ambition d’accélérer le développement de la filière open source . Inria, convaincu depuis longtemps de la place prépondérante du logiciel libre dans le développement numérique, sponsorise et participe à l’événement.
Logo B-Boost

Organisée par Aquinetic , le pôle de compétences de la Nouvelle-Aquitaine en logiciel et technologies libres, cette convention accueillera nombre d’acteurs et actrices numériques français.es et des intervenantes et intervenants de plus de dix pays différents. Durant deux jours, les visiteurs et visiteuses pourront s’informer, développer leurs activités grâce à plus de 70 conférences, une trentaine d’acteurs innovants, des rendez-vous B-to-B et des événements (un hackathon , une boost run …). 

Parmi les speakers reconnu.e.s, Nicolas Roussel, directeur du centre de recherche Inria Bordeaux - Sud-Ouest, Algiane Froehly, responsable du développement du consortium MMG et Gaël Guennebaud, qui a développé le logiciel Eigen , représenteront Inria, l’institut national de recherche dédié aux sciences du numérique.

La conception et le développement de logiciels libres sont au cœur de l’expertise d’Inria.

L’institut est depuis de nombreuses années un acteur important du logiciel libre, avec des contributions qui prennent des formes variées :

  • le développement de logiciels libres (dont certains ont acquis une véritable reconnaissance parmi la communauté : langage de programmation OCaml , assistant de preuves Coq , logiciel Graphite …) ;
  • l’implication avec d’autres partenaires académiques et industriels dans la création de consortiums (tels ObjectWeb en 2002 — devenu OW2 en 2006 — et Scilab en 2003) ;
  • la participation à l’élaboration de la famille de licences CeCILL , qui définit les principes d’utilisation et de diffusion des logiciels libres en conformité avec le droit français, lancée en 2004 ;
  • l’élaboration d’une méthodologie d’analyse de la situation juridique d’un logiciel au sein de QualiPSo  ;
  • l’élaboration d’un guide d’analyse des licences libres et d’un recueil de fiches explicatives de licences libres.

Par ses travaux, Inria a donc développé une expertise globale du logiciel libre, à la fois objet de diffusion scientifique, objet de transfert et objet industriel.

Focus sur deux logiciels open source d’Inria Bordeaux - Sud-Ouest

Eigen

Gaël Guennebaud est le cofondateur et principal mainteneur de Eigen , une bibliothèque C++ générique (template ) pour l’algèbre linéaire à destination des développeurs et développeuses. Depuis sa création en 2008, Eigen rencontre un grand succès dans le monde académique, dans celui des start-up et chez les grands industriels (EDF, CEA, CERM, Google …). Le site enregistre plus de 70 000 visiteurs-visiteuses uniques par mois. 

À la création d’Eigen , il a été choisi de mettre en place un modèle de développement très ouvert : tout le monde peut participer à l’enrichissement d’Eigen . Les avantages ont été un fort engagement de la part de la communauté d’utilisateurs et utilisatrices qui a mené à une diffusion très rapide du projet. Aujourd’hui, face au succès, se pose la question de la création d’un consortium sur le modèle de celui autour de MMG pour pérenniser un logiciel qui repose aujourd’hui sur très peu de personnes. 

  • En savoir plus sur Eigen

La plate-forme MMG

Développée conjointement par Inria, l’université de Bordeaux, Bordeaux INP, l’université Pierre et Marie Curie et le CNRS, la plate-forme Mmg fournit des applications et bibliothèques pour la modification de maillages. Depuis 2004, sa communauté d’utilisateurs et d'utilisatrices n’a cessé de croître, posant finalement la question de la pérennisation des logiciels.

Algiane Froehly a travaillé à l’industrialisation de Mmg puis à l’étude des modèles économiques possibles pour supporter les besoins ingénieurs de la plate-forme. Ce travail a donné naissance au consortium open source Mmg , géré entre autres par les adhérents et adhérentes au consortium. Aujourd’hui, le soutien et l’implication des industriel.le.s et académiques membres du consortium sont moteurs dans la promotion de la plate-forme et traduisent une nouvelle dimension, apportée par le consortium, dans les rapports entre chercheurs et chercheuses, développeurs et développeuses, et utilisateurs et utilisatrices.

Fort de ces expériences, Inria a créé il y a un an InriaSoft .

Si chaque consortium doit construire son modèle économique, beaucoup de besoins (juridiques, financiers, compétences ingénieures…) sont partagés. Autant de ressources qui sont donc mutualisables. Le dispositif InriaSoft offre une expertise et des moyens adaptés aux porteurs et porteuses de logiciels dont la communauté d’utilisateurs et utilisatrices souhaite s’investir financièrement via un consortium open source .

Aujourd’hui, de nombreux projets logiciels créés par nos chercheurs et chercheuses sont diffusés sous licence open source et fédèrent une communauté tant académique qu’industrielle.

Inria et les logiciels libres, retour sur quelques faits marquants : 

  • 1996  : des chercheurs et chercheuses Inria commencent à développer l’éditeur et navigateur web AMAYA , conjointement avec le consortium W3C .
  • 1997  : des chercheurs et chercheuses Inria développent Coq , un système qui permet le développement et la vérification de preuves formelles (une étape déterminante pour démontrer la fiabilité de logiciels). Il est intégré aujourd’hui dans de multiples applications de haute sécurité, et notamment dans les transports aériens. 
  • 2002  : Inria lance avec Bull et France Télécom R&D le consortium Objectweb , qui s’attache à construire une plate-forme middleware standard et complète en source libre, orientée infrastructure d’entreprise.
  • 2003  : Inria s’associe à d’autres partenaires industriels et académiques pour lancer le consortium Scilab autour du logiciel éponyme de calcul scientifique développé avec l’École nationale des Ponts et Chaussées. 
  • 2004  : Inria, le CEA et le CNRS lancent CeCiLL , première licence qui définit les principes d’utilisation et de diffusion des logiciels libres en conformité avec le droit français.
  • Juin 2009  : le logiciel Graphite , plate-forme pour la recherche en modélisation 3D et image de synthèse, développée par une équipe-projet du centre de recherche Inria Nancy Grand Est obtient le prix spécial du jury pour le projet le plus innovant en cours de développement et le 3e prix dans la catégorie « sciences » (applications ou outils utiles pour la recherche et les sciences) à la 5e édition des trophées du Libre.
  • 2009  : plus de 300 logiciels libres sont diffusés par les équipes-projet Inria.
  • 2016  : ouverture au public du projet Software Heritage . Ce projet, à l’initiative d’Inria a pour objectif de collecter, organiser, préserver, et rendre accessible à tous le code source de tous les logiciels disponibles. 
  • 2017  : création du dispositif InriaSoft .