Interactions humain-machine

HumanLab Inria : mettre les compétences de l’institut au service des projets des personnes en situation de handicap

Date:
Mis à jour le 18/12/2023
Lancée en 2021, par le Service d'expérimentation et de développement (SED) Grenoble et l’équipe Camin, l'action exploratoire HumanLab Inria (HLI) a pour ambition de créer un modèle de collaboration entre Inria et les Humanlabs, des espaces collaboratifs de création de projets autour du handicap. Son objectif : répondre, grâce au savoir-faire scientifique et technologique des équipes-projets mais également de l’ensemble des agents Inria, à des besoins en développements destinés à des personnes en situation de handicap.
HumanLab Inria
@Twitter HumanLab Inria

Qu’est-ce qu’un Humanlab ?

Inspirés des Fab Labs, ces lieux d'apprentissage et d'innovation qui offrent l'accès à un environnement, des compétences et des technologies permettant la fabrication d'objets techniques, les Humanlabs sont des espaces collaboratifs de fabrication numérique, dédiés aux besoins exprimés par les personnes en situation de handicap.

Ils permettent ainsi de développer des solutions d’aides techniques aux handicaps, encore inexistantes sur le marché, trop onéreuse ou inadaptées à certaines problématiques, par le biais de leur communauté (bénévoles, partenaires) constituée en équipe-projet.

« Les porteurs de handicap viennent avec une idée, une envie, ou un besoin, et si leur proposition est acceptée ils deviennent porteurs de projet et les Humanlabs les accompagnent en leur apportant toute l’expertise nécessaire pour aller au bout de leur réalisation en s’appuyant sur des briques techniques et logicielles bas coût. L’ensemble des détails techniques et de montage est disponible librement pour que toute personne qui le souhaite puisse dupliquer la solution. », explique Christine Azevedo Coste, responsable de l’équipe-projet CAMIN et coresponsable de l’action exploratoire humanLab Inria.

Les Humanlabs proposent ainsi une approche complémentaire pour adapter ou personnaliser à la marge des dispositifs commerciaux, ou encore remplacer dans certains cas des dispositifs coûteux ou inexistants. Les dispositifs réalisés peuvent être, par exemple, un nouveau joystick pour un fauteuil roulant électrique ou une orthèse de pouce motorisée avec une unité de contrôle.

Le premier Humanlab, MyHumanKit, a été créé en 2017 à Rennes.

Du réseau Humanlab à l’action exploratoire humanLab Inria (hli)

En 2021, Inria rejoignait le réseau Humanlab pour contribuer, à son niveau, à répondre aux besoins exprimés par les personnes en situation de handicap. Une collaboration qui a, très vite, donné envie aux chercheurs et ingénieurs Inria impliqués de généraliser l’engagement de l’institut dans cette démarche.

Nous avons été sollicités plusieurs fois pour apporter nos compétences sur quelques projets, et cela nous a donné l’idée de lancer une action exploratoire qui a pour but d’aider les différents Humanlabs à aller plus loin sur certains projets techniques.

       Roger Pissard-Gibollet, ingénieur SED Grenoble et coresponsable de l’action exploratoire humanLab Inria

Quelques mois plus tard, l’action exploratoire humanLab Inria (hli) voyait ainsi le jour, avec pour vocation de faire appel aux compétences de tout Inria, quels que soient le centre… et le métier. « L’idée, c’est que cette action exploratoire n’est pas portée par une seule équipe. Nous voudrions que cela soit transversal entre les différentes équipes, les centres, et même les métiers », précise Christine Azevedo Coste, avant d’ajouter « notre rôle est de faire le relais entre les besoins des différents Humanlabs et les équipes-projets Inria. »

Plusieurs projets déjà sortis de terre

L’équipe-projet Rainbow, du Centre Inria de l’Université de Rennes, a par exemple travaillé sur un projet de canne électronique, capable de détecter des obstacles rencontrés par des sons de différentes fréquences, en encadrant notamment un stage INSA pour arriver à la dernière version.

D’autres projets, comme la Télescopince, une pince télescopique permettant d’attraper des objets depuis leur fauteuil pour des personnes ayant des difficultés de préhension, absence de prise palmaire ou manque de portée, Magic Control V2, un projet de contrôle d’environnement de fauteuil roulant électrique à bas coût permettant de contrôler les fonctions du fauteuil et l’environnement de l’usager, ou encore READForMe, une machine à lire capable d’acquérir le texte à partir d’une capture d’image et de le lire au moyen d’une synthèse vocale, ont quant à eux profité de l’expertise de l’équipe-projet CAMIN et du service SED de Grenoble.

Mais le projet le plus emblématique accompagné par le HumanLab Inria reste à ce jour Exofinger, qui vise à concevoir une orthèse de main motorisée, introuvable dans le commerce, pour son porteur de projet, Bastien, atteint d’une tétraplégie. La demande de Bastien était de disposer d’un système lui permettant de tenir un stylo pour apposer une signature.

Pour répondre à ce défi, plusieurs corps de métier ont travaillé ensemble lors d’un Fabrikarium à Rennes (Hackaton de 3 jours) : des ingénieurs du centre Inria de l'Université Grenoble Alpes (Laurence Boissieux, Christophe Braillon et Roger Pissard-Gibollet), des chercheurs de l’équipe-projet Camin – du centre Inria d'Université Côte d'Azur (Christine Azevedo-Coste et Clément Trotobas), des salariés d’Ariane Group, des membres des HumanLabs MyHumanKit et Saint-Pierre et enfin une documentaliste de Floss Manuals.

À l’issue du Fabrikarium, le HumanLab Inria a poursuivi le développement du projet. Un boîtier équipé d’un moteur a ansi été placé sur l’avant-bras de l’utilisateur, le moteur enroulant un câble qui passe dans une gouttière à travers un gant de cuir afin de déplacer le pouce en direction de l’index replié pour permettre la prise d’objets. Un bouton sans fil permet quant à lui à l’utilisateur de déclencher le mouvement de serrage ou la relaxation du pouce. Enfin, un générateur de patrons a été développé pour adapter le gant à différentes morphologies.  Des agents Inria de Sophia Antipolis, Rennes et Bordeaux ont, par ailleurs, cousu des gants de différentes tailles sur la base des patrons fournis. Des essais de validation sur divers utilisateurs vont être menées dans les prochaines semaines.