Environnement et planète

Frugalité : réduire notre empreinte numérique

Date:
Mis à jour le 22/06/2021
Alors qu’il nous est plus que jamais nécessaire, le numérique n’est pas épargné par la montée des préoccupations écologiques. Si les gaspillages qu’il entraine ne sont plus un secret, reste à médiatiser correctement les impacts réels et complexes du secteur. D’autant que les solutions pour réduire cette empreinte, et plus globalement notre impact environnemental, pourraient bien venir du numérique lui-même.
Mario Ricchiuto, directeur de recherche et responsable de l’équipe-projet Inria CARDAMOM ; sur son ordinateur, une vue de la côte japonaise : simulation du mouvement des vagues lors d'un tsunami.
© Inria / Photo M. Magnin

Penser la sobriété numérique dans sa globalité

De plus en plus présent dans nos vies, le numérique génère des gaspillages. Pour optimiser les ressources, Romain Rouvoy, enseignant-chercheur au sein de l’équipe Spirals (Self-adaptation for distributed services and large software systems), s’intéresse à la problématique du logiciel durable depuis plus de dix ans.

Le jeune chercheur du centre Inria Lille - Nord Europe a mis au point plusieurs dispositifs, dont un wattmètre virtuel, open source, qui mesure en temps réel la consommation de chaque logiciel tournant sur une machine, afin de prioriser les applications à arrêter pour diminuer sa consommation énergétique. Un autre des angles d’attaque qu’il explore concerne le langage de programmation, qui, pour une même application, peut modifier la consommation d’un logiciel par un facteur 100. À la lumière de ses travaux, il est évident que l’écoconception des logiciels doit se penser de manière globale : depuis le langage utilisé jusqu’à la réutilisation de la chaleur résiduelle des processeurs pour chauffer des logements, en passant par l’optimisation de l’utilisation des ressources partagées.

Faire comprendre les enjeux environnementaux du numérique

L’empreinte du numérique est difficile à saisir : si ses impacts socio-écologiques sont majeurs, il représente aussi un atout pour réduire les consommations et gaspillages, notamment grâce aux outils de modélisation. Pour informer et éduquer sur ces enjeux, l’association Class’code, créée pour initier les jeunes aux sciences informatiques, a fait appel au Inria Learning Lab, qui conçoit des MOOC en sciences du numérique et épaule la recherche en e-éducation au sein de l’institut. L’objectif : créer un MOOC sur les impacts environnementaux du numérique, destiné aux professeurs d’informatique en lycée mais conçu pour être accessible au grand public. Afin que chacun puisse y évoluer à son rythme, ce cours d’environ quatre heures sera accessible en intégralité dès son lancement, le 11 octobre 2021, sur la plate-forme FUN. Il sera accompagné d’un forum d’échange entre les participants et avec les auteurs. Des "fiches concepts" accompagneront chaque sous-partie pour permettre à ceux qui le souhaitent d’approfondir les notions abordées. À vos agendas : ouverture des inscriptions le 28 août !

Préserver l'environnement grâce aux sciences du numérique

Modéliser, un levier pour réduire les consommations

Si 2020 a été une année noire pour le trafic aérien, elle n’a pas été perdue pour tout le monde. Les chercheurs de l’équipe Modal, rattachée au centre Inria Lille - Nord Europe, spécialisée dans la modélisation mathématique de données complexes, ont en effet bouclé l’année dernière le projet Perf-IA, déposé en réponse à l’appel Cleansky du programme européen H2020. En partenariat avec la startup Safety-Line, experte en aéronautique, les chercheurs ont élaboré un modèle numérique d’avion de ligne, construit à partir de l’analyse des données de vol enregistrées par sa boîte noire. L’objectif : réduire l’impact environnemental des trajets commerciaux en adaptant les choix techniques des différentes phases du plan de vol (montée en altitude plus rapide, diminution de la puissance moteur plus progressive…), en fonction des performances réelles, actualisées, de chaque aéronef. De plus, l’approche développée est peu gourmande en moyens de calcul, et peut donc être utilisée directement à bord. Actuellement évaluée par Thalès Avionic, elle pourrait s’adapter à d’autres secteurs. Ceux de la santé et de la course au large se sont déjà manifestés, à suivre…