Santé - Médecine personnalisée

SimCardioTest, un consortium de coeur

Date:
Mis à jour le 04/08/2022
SimCardioTest est un nouveau projet financé par la Commission européenne à hauteur de huit millions d'euros. Il vise à accélérer l'adoption de la simulation numérique pour concevoir les médicaments et les dispositifs médicaux cardiaques. Il est coordonné par Maxime Sermesant, de l'équipe Épione d'Inria.
Simulation numérique d'un coeur

Le projet

Un consortium international de dix partenaires a uni ses forces pour démontrer la faisabilité, l'efficacité et les avantages des essais cliniques in silico pour les dispositifs et les médicaments cardiaques.

L’objectif ultime est de gagner la confiance des scientifiques, des entreprises, des organismes de réglementation, des médecins, des patients et de promouvoir l'innovation dans les soins de santé en Europe et au-delà. Les simulations correspondant aux mesures réelles seront réalisées, vérifiées, validées, pour quantifier les incertitudes et aider à la certification, selon des normes internationales. Ce projet vise également à faciliter et à encourager l'exploitation industrielle et commerciale des résultats.

Six pays participent au projet : Belgique, Espagne, France, Italie, Norvège, États-Unis. Le conseil consultatif est composé de l’Agence européenne de médecine, la Food and Drug Administration aux États-Unis, Roche, l’université de Lyon, Dassault Systèmes et Auckland Bioengineering Institute en Nouvelle-Zélande.

Inria est non seulement responsable de la coordination générale de SimCardioTest, mais est aussi très impliqué dans la réalisation de simulations correspondant à des mesures réelles, afin de quantifier le réalisme des résultats in silico, et dans le développement d'approches en sciences des données pour mieux exploiter les résultats des simulations.

Plus d'un million d'euros du financement total est alloué à Inria au travers ces trois centres de recherche : 

  • Bordeaux Sud-Ouest : Michael Leguèbe et Yves Coudière (également université de Bordeaux)
  • Lille - Nord Europe : Christian Duriez
  • Sophia Antipolis - Méditerranée : Maxime Sermesant (porteur du projet), Hervé Delingette et Marco Lorenzi.
Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 101016496.

Le modèle choisi : un consortium

Ce type de montage de projet nécessite d'engager l'ensemble des partenaires dans les différentes étapes de celui-ci : réflexions, contributions, rédaction, responsabilités. Il est essentiel pour l'Europe que le projet ne représente pas un empilement de tâches des différents partenaires mais que, pour chacune des unités de travail, il y ait une vraie complémentarité et une synergie. Ceci peut être un défi, il faut arriver à construire cette organisation de travail de sorte que chacun apporte sa brique, tout en ayant des interactions fortes avec les autres. 

En résumé, il faut démontrer que ce que l'on obtient au final, aucun partenaire n'aurait pu le faire seul.

Les industriels parties prenantes

Il était important, pour ce type d'appel à projet européen, d'avoir des industriels fortement impliqués, puisque nous souhaitons montrer l'aide que l'on pourrait apporter à la conception de dispositifs médicaux et de médicaments. C'est sur cette base que des entreprises telles que Microport CRM et Boston Scientific et des startups comme ExactCure et InSilicoTrials ont rejoint le projet.

Ceci représente une collaboration fructueuse pour chacune des parties. En effet, de leur côté, les startups ont déjà mis en place beaucoup d'innovations autour de ce concept mais manquent de contenus spécialisés sur une pathologie phare. De notre côté, et à travers ce projet européen, nous allons développer du contenu pour être capable d'aider la conception de dispositifs médicaux cardiaques, et nous aurons besoin d'une plate-forme industrielle pour le mettre en œuvre.

Côté éthique

Le projet SimCardioTest utilisera des données médicales précédemment collectées. Ceci a été un choix dès le début du montage du projet afin de limiter la complexité de données nouvelles à acquérir et d'essais cliniques prospectifs. L'important, c'est de montrer ce dont nous sommes capables par la simulation numérique, dans un premier temps sur des données rétrospectives.

Ces données seront pseudonomysées et des mesures techniques de sécurité sont en place pour sauvegarder les droits et libertés des personnes concernées afin de respecter la conduite éthique des recherches imposée par la Commission européenne (procédure éthique d’évaluation H2020), et la conformité avec le règlement général sur la protection des données (RGPD).

Les impacts du projet

SimCardioTest aura un impact significatif sur les essais cliniques, les systèmes de réglementation et l'innovation en matière de soins de santé.

Le projet accélérera l'adoption de simulations numériques pour concevoir de nouveaux médicaments et dispositifs médicaux cardiaques, leur transposition dans la clinique et sur le marché, et augmentera la confiance des utilisateurs (professionnels de santé et patients).

Il permettra de : 

  • revoir la conception des essais cliniques actuels et de créer un environnement d'essai unique, numérique et personnalisé ;
  • contribuer à réduire la taille et la durée des essais cliniques sur l'Homme et à réduire les essais sur les animaux ;
  • contribuer à une efficacité et une sécurité accrues pour les patients dans les essais cliniques ;
  • réduire les coûts de développement et les délais de mise sur le marché des nouveaux médicaments et dispositifs médicaux.
Verbatim

La recherche c'est avant tout une aventure humaine. C'est en collaboration avec des personnes que le travail se fait et avance.

Auteur

Maxime Sermesant

Poste

Coordinateur du projet européen SimCardioTest

La standardisation et la modélisation de cas d'études

La réunion de lancement du projet a eu lieu le 25 janvier dernier, deux de nos actions essentielles vont être lancées.

  • La standardisation : une approche standardisée de simulation et de modélisation du cœur commune à l'ensemble des partenaires doit être mise en place pour que toutes les briques de modélisation, développées par chacun, puissent communiquer entre elles afin de pouvoir implémenter les différents cas d'études et lancer ces essais cliniques in silico. C'est donc un réel effort d'interopérabilité et de standardisation qui va devoir se réaliser ces douze prochains mois.
  • La modélisation de trois cas d'études : des dispositifs de simulation cardiaque (tels les pacemakers), un dispositif pour éviter les accidents vasculaires cérébraux (implanté dans une partie du cœur qui a tendance à générer des caillots) et les aspects liés aux médicaments, dont leur potentielle toxicité pour le cœur et leur efficacité.

Chacun de ces cas d'études va être approfondi afin de déterminer le niveau de détail de ce que nous devrons simuler mais aussi d'écrire le protocole d'étude à simuler pour pouvoir lancer ces études cliniques in silico par la suite.

Maxime Sermesant

Contact

Maxime Sermesant

Chargé de recherche au sein de l’équipe-projet Épione

2004, route des Lucioles BP93 , 06902 Sophia Antipolis