Partenariats internationaux

Explorer de nouveaux sujets de recherche grâce aux partenariats internationaux

Date:
Mis à jour le 12/07/2023
Pour favoriser la collaboration internationale, le programme "Équipes Associées" d’Inria soutient la mobilité de ses scientifiques. Focus sur deux d’entre elles, portées par des équipes-projets du centre Inria de l’université de Bordeaux et qui sont arrivées à leur terme après quatre années de recherche.
Petits bonhommes en plastque et câbles déposés sur une carte de l'Atlantique reliant les deux continents
© Weseetheworld - Fotolia

 

Dans le domaine de la recherche scientifique, la collaboration internationale est primordiale. Inria développe des partenariats forts avec des pays du monde entier grâce au programme "Équipes Associées". Tous les ans, un appel est lancé permettant aux scientifiques d’Inria de soumettre des projets de recherche conjoints avec des partenaires académiques internationaux. Pendant trois ans, les fonds octroyés soutiennent la mobilité des scientifiques et l’organisation de groupes de travail. Au centre Inria de l’université de Bordeaux, il existe actuellement douze projets de ce type. Cinq d’entre eux viennent de se terminer et l’heure est au bilan.

Des compétences et des thématiques de recherche complémentaires

Il y a de nombreuses raisons qui motivent ces collaborations internationales. D’un côté, les laboratoires étrangers peuvent avoir des besoins techniques et technologiques. Par exemple, dans le cadre de l’équipe associée ANTS, des scientifiques de l’équipe-projet Makutu développent des outils pour les physiciennes et physiciens de l’institut Max-Planck de recherche sur le système solaire à Göttingen en Allemagne. Ces derniers « étudient l’intérieur du soleil en observant la propagation des ondes en surface et avaient des besoins en termes de méthodes numériques pour leurs simulations », explique Ha Pham, chargée de recherche chez Makutu et responsable de ANTS. « Côté français, nous avons une expertise pour la propagation des ondes, ce qui nous permet de développer des outils efficaces et précis pour simuler ce phénomène en milieu solaire […] Le côté allemand a une expertise sur la physique solaire et ils ont accès à de vraies données, que nous comparons à nos résultats de simulation. »

De l’autre côté, des sujets de recherche différents peuvent se combiner pour développer de nouvelles méthodologies et de nouveaux outils. Par exemple, dans le cadre de l'équipe associée MARE, le département d’aéronautique et d’astronautique de l’Université de Stanford aux États-Unis et l’équipe-projet Memphis contribuent au développement de méthodes numériques qui, en s’appuyant sur les résultats de simulations précédentes, accélèrent les simulations suivantes. En particulier, l’objectif est de garantir que les propriétés de ces méthodes soient préservées même après leur combinaison avec des données issues de simulations. Angelo Iollo, professeur des universités, responsable de l'équipe-projet Memphis et de MARE détaille : « L’idée générale du projet est de mettre en commun les techniques d’hyper-réduction que nos collègues américains maîtrisent avec la décomposition des modèles réduits que nous maitrisons chez Memphis. Ensuite nous avons cherché des points communs entre les deux techniques et nous avons développé ceux qui étaient les plus intéressants. »

 

© Inria / Photo B. Fourrier

L’importance du travail et des échanges en présentiel

Pour mener à bien ces collaborations, les échanges ne peuvent pas se limiter aux visioconférences et aux appels téléphoniques. « Le travail et la réflexion sont beaucoup plus intenses en personne », affirme Angelo Iollo, « car nos échanges sont bien plus riches quand nous interagissons directement avec nos collègues étrangers dans le même laboratoire. » Sans compter le décalage horaire qui restreint les moments propices pour s’entretenir à distance. « Venir les uns chez les autres, ça facilite beaucoup les discussions », confirme Ha Pham.

De fait, la mobilité apparait indispensable. La manière de faire de la recherche est différente d’un pays à l’autre, en fonction des cultures. L’immersion de longue durée dans un laboratoire étranger est alors nécessaire pour collaborer au mieux et produire des résultats pertinents. Certains sujets de thèse peuvent ainsi être approfondis grâce à l’expertise des partenaires internationaux, c’est pourquoi certains doctorantes et doctorants partent ainsi pour un an.

Les chercheurs et chercheuses nourrissent également leurs réflexions à partir des résultats de leurs collègues, lors de séminaires et de workshops qui nécessitent aussi de se déplacer. Des échanges qui portent leurs fruits, comme en témoigne Angelo Iollo : « Au final, nous avons réussi à concevoir une méthodologie performante qui couple l’hyper-réduction dans le cadre des modèles réduits ». Un constat qui est partagé par Ha Pham : « Les outils que nous avons développés ont permis de construire des simulations qui cadrent bien avec les données récoltées par l’Institut Max-Planck ».

Verbatim

Le dispositif des "Équipes Associées" est un amorçage, mais il est fondamental.

Auteur

Angelo Iollo

Poste

Professeur des universités, responsable de l'équipe-projet Memphis et de l'équipe associée MARE

Point de départ d’une collaboration reconnue

Même si le dispositif est limité dans le temps, les partenariats, eux, peuvent se pérenniser. « Ce n’est que le début », assure Ha Pham. « ANTS n’était qu’une période préparatoire. Les questions que nous voulons aborder ont besoin de beaucoup de développements numériques et théoriques. Il nous faut bien plus que quatre ans. En plus, en physique, les équations qui sont longuement étudiées peuvent présenter des limites, ce qui nécessite de repartir sur d’autres modèles. » D’où l’importance d’une collaboration sur le long terme. Même enthousiasme pour Angelo Iollo, qui a déjà redemandé une nouvelle équipe associée avec le même laboratoire étranger : « MARE nous a permis de poser les bases de ce que nous souhaitons faire par la suite ».

Outre le soutien financier, le dispositif est aussi un « coup de projecteur », selon Angelo Iollo. « Ça donne de la visibilité et il y a un effet avalanche qui entraine d’autres financements. » Il raconte aussi que MARE a permis d’« établir des liens substantiels et pas seulement formels » justifiant la venue de l’équipe américaine au workshop Aria que l'équipe-projet Memphis organise et où se regroupent les acteurs et les industriels les plus importants de leur domaine de recherche. Ha Pham ajoute même qu’il y a « une reconnaissance officielle de la collaboration coté Inria et au niveau international, en plus de laisser une trace du partenariat ».

Les cinq équipes associées du centre Inria de l’université de Bordeaux terminées en 2022

  • ANEMONE, portée par Mario Ricchiuto pour l'équipe-projet Cardamom, en partenariat avec l’Université Duke (porteur : Prof. Guglielmo Scovazzi), États-Unis.
  • ANTS, portée par Ha Pham pour l'équipe-projet Makutu, en partenariat l’institut Max-Planck de recherche sur le système solaire à Göttingen (porteur : Prof. Laurent Gizon), Allemagne.
  • COHPC, portée par Emmanuelle Saillard pour l'équipe-projet Storm, en partenariat avec le Laboratoire National Lawrence Berkeley (porteur : Prof. Costin Iancu), États-Unis.
  • DYNAMHIC, portée par Mélanie Prague pour l'équipe-projet Sistm, en partenariat avec l’Université de Harvard (porteuse : Prof. Alison Hill), États-Unis.
  • MARE, portée par Angelo Iollo pour l'équipe-projet Memphis, en partenariat avec l’Université de Stanford (porteur : Prof. Charbel Farhat), États-Unis.