Éducation et numérique

Métiers du numérique : une journée NSI pour susciter des vocations

Date:
Mis à jour le 20/06/2022
Avec l’explosion de leurs marchés, le numérique et les sciences informatiques (NSI) peinent à recruter et doivent améliorer leur attractivité. Une quinzaine d’acteurs du domaine, dont Inria, organisent le 7 juin une journée nationale axée sur l’enseignement de spécialité NSI proposé au lycée. Cet événement vise notamment les filles, très minoritaires dans ces professions.
Journées NSI
© Inria / Photo B. Fourrier

Le numérique et les sciences informatiques en mal de profils qualifiés

Un secteur économique qui crée des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés, pour tous les niveaux du bac+2 au bac+8, devrait attirer des flots massifs de candidats. Pourtant, ce n’est pas le cas aujourd’hui pour le numérique et les sciences informatiques.

« L’explosion des usages est allée plus vite que le développement des formations, constate Mehdi Houas, président de l’association Talents du numérique. Le smartphone et les réseaux sociaux nous accompagnent du matin au soir, les objets connectés se comptent par milliards. Mais les entreprises du secteur manquent de profils qualifiés. »

Un constat partagé par Muriel Brunet, responsable du programme Éducation et Numérique à l’Inria : « Il y a une méconnaissance de la diversité des métiers d’une part et des champs de recherche autour des sciences du numérique par les jeunes d’autre part. À travers le programme national multipartenaire que nous portons en lien avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, 1 scientifique - 1 classe, Chiche !, nous souhaitons favoriser les rencontres entre scientifiques et élèves de seconde afin de  leur faire découvrir les métiers de la recherche et du numérique. »

Une faible féminisation, à l’inverse des pays en développement

Cette situation s’explique en partie par la faible féminisation de ces métiers : moins de 20% de femmes figurent parmi les organismes membres de Talents du numérique. « À l’inverse, dans les pays en développement, les sciences dures sont perçues comme une voie d’émancipation et attirent autant de filles que de garçons », note Mehdi Houas.

Verbatim

C’est également le cas pour les chercheuses. Malgré une forte volonté affichée dans le Contrat d’Objectif et de Performance d’Inria et des actions incitatives, le taux de 30% de femmes responsables d’équipes-projets sera probablement difficile à atteindre d’ici 2023. 

Auteur

Muriel Brunet

Poste

Responsable du Programme Éducation et Numérique chez Inria

Par ailleurs, les formations et professions du numérique restent mal connues en raison de leur nouveauté et de leur évolution rapide : le métier de data scientist, l’un des plus recherchés aujourd’hui, n’existait pas il y a cinq ans !

"Booster" l’attractivité de la spécialité NSI et sa valorisation dans les cursus de formation

Ce constat a conduit Talents du numérique et quatorze autres acteurs du domaine (dont Inria et la Fondation Inria) à s’intéresser à l’enseignement de spécialité NSI, créé en 2019 à la suite de la réforme du baccalauréat ; il est perçu comme une avancée majeure dans la construction d’un parcours vers le numérique dès le lycée.

NSI : quelques chiffres clés

• 115 000 emplois supplémentaires d’ingénieurs en informatique vont être créés d’ici 2030, soit une croissance de 26% (étude France Stratégie et Dares) ;

• 98% des professeurs, 97% des parents et 95% des élèves considèrent que le numérique offre des débouchés et des emplois (enquête Odoxa - Talents du numérique de 2021) ;

• Créé en 2019, l’enseignement de spécialité NSI est proposé dans environ 50% des lycées ;

• 9,6% des lycéens choisissent NSI en première et 4,3% en terminale. Parmi eux, seulement 18,5% sont des filles.

Il initie les élèves aux concepts de base : données, algorithmes, langages et machines. Mais aussi à des connaissances et des savoir-faire pour se servir de l’informatique dans la vie quotidienne et professionnelle. « Les entreprises cherchent moins des experts techniques que des profils capables de mettre le numérique à la portée de tous, dans tous les domaines d’activité », souligne Mehdi Houas.

Ce parcours récent doit encore trouver sa place face à des disciplines historiques comme les mathématiques ou les SVT. « Il est choisi par seulement 9,6% des élèves de première et n’est proposé que par la moitié des lycées, détaille Mehdi Houas. Et il peine à attirer une population féminine. Il faut booster son attractivité pour élargir le vivier potentiel de candidates et de candidats aux parcours vers nos métiers. »

C’est une tendance inéluctable, le numérique va irriguer tous les métiers et toutes les filières.

« L’enseignement des NSI constitue un socle indispensable que l’on pourrait renforcer avec celui des Humanités numériques, confirme Muriel Brunet. Inria s’est très tôt mobilisé en faveur d’un enseignement de l’informatique et de la pensée algorithmique dès le plus jeune âge. Aujourd’hui, l’enjeu est de transformer la poursuite d’études après NSI via un accès à tous les cursus de formation du supérieur et un renouvellement de l’offre proposant des doubles compétences associant le numérique à une spécialité. »

« Le numérique est un espace d’imagination et de créativité »

Aussi, deux actions de promotion de l’enseignement NSI auprès des lycéennes, lycéens, collégiennes et collégiens, professeurs et parents, ont été conçues, avec le soutien de trois ministères : la journée nationale NSI du 7 juin et les trophées NSI.

La Journée nationale NSI propose plus de 120 événements dans toute la France le 7 juin, pour faire connaître la spécialité et les débouchés auxquels elle donne accès. Au programme : visites d’entreprises, ateliers de découverte, témoignages, interventions dans les classes, forums des métiers… Inria participe à cette journée via des ateliers proposés aux collégiens et lycéens par le centre Inria de l’université de Bordeaux, des visites de l’espace de démonstrateurs du centre Inria de l’université de Lille et une visioconférence ouverte à tous organisée avec la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Quant aux trophées NSI, ils invitent les lycéennes et les lycéens de cette spécialité à soumettre des projets informatiques intéressants ou utiles pour la société. « Nous avons reçu 200 candidatures, se réjouit Mehdi Houas, preuve que le numérique est un espace d’imagination et de créativité. »  Sans oublier la mixité : un trophée spécifique sera remis à une équipe mixte, ou à un projet valorisant la mixité dans le numérique.