Marielle Simon, lauréate ANR Jeunes Chercheuses et Jeunes Chercheurs (JCJC)

Date:
Mis à jour le 26/03/2020
L’instrument JCJC permet aux porteurs de projets de développer, de façon autonome, des travaux sur une thématique propre. Il favorise la prise de responsabilité et la capacité d’innovation scientifique.

Tu as reçu une ANR JCJC peux-tu nous parler de ce programme ?

Marielle Simon
© Inria / Photo G. Scagnelli

L'Agence nationale de la recherche (ANR) finance tous les ans des projets de recherche portés par des jeunes chercheurs et jeunes chercheuses (JCJC), dans tous les domaines. En particulier, en mathématiques huit projets ont été financés cette année. Cette source de financement, qui dure en moyenne quatre ans, permet au porteur ou à la porteuse du projet d’acquérir une certaine autonomie scientifique : grâce à cet argent, elle ou il va pouvoir développer sa propre thématique de recherche, en constituant sa propre équipe, en recrutant un ou plusieurs étudiants (thésards ou postdocs) et en organisant des rencontres scientifiques. Pour pouvoir y prétendre, il faut avoir soutenu sa thèse depuis moins de dix ans. 

Quel projet de recherche as-tu présenté ?

Mon projet porte sur la description, au niveau microscopique, de phénomènes physiques qui présentent des "interfaces mobiles", c'est-à-dire, une séparation entre deux milieux (telle que liquide/solide par exemple) qui évolue avec le temps.
Un exemple concret : mettez un glaçon dans de l'eau. La frontière entre la glace et l'eau va bouger avec le temps. Cette évolution est décrite par une équation mathématique appelée "problème de Stefan". À plus grande échelle, ces équations permettent aussi de décrire les mouvements des icebergs du Groenland (ce qui est très complexe, car plusieurs frontières sont à considérer !). Ce que l'on aimerait faire, c'est décrire ce phénomène au niveau atomique : la glace et l'eau sont formées de molécules qui interagissent selon certaines lois physiques. La dynamique du système formé de toutes les molécules est extrêmement compliquée, car le système est constitué d'un nombre de molécules de l'ordre de 1023... ce qui est gigantesque, même pour un ordinateur ! Nous devons donc essayer de traiter ce problème mathématiquement, en alliant théorie des probabilités et théorie des équations aux dérivées partielles, et montrer que la description microscopique que l'on imagine correspond bien au phénomène que nous observons à notre échelle. 

Qu’est-ce que cette distinction va t’apporter ?

D'un point de vue scientifique, elle va me permettre : tout d'abord, de renforcer la collaboration existant avec deux chercheurs, et d'entamer une nouvelle collaboration avec deux autres ! Mon équipe est pluridisciplinaire : elle réunit deux chercheurs en probabilités, deux chercheurs en théorie des équations aux dérivées partielles, et un chercheur en physique théorique. Grâce à cette variété d'expertises, nous espérons parvenir à obtenir de nouveaux résultats, qui intéressent une grande communauté de scientifiques. Ensuite, elle va me permettre d'encadrer, pour la première fois, deux étudiants, mais aussi d'être à l'initiative, pour la première fois encore, de rencontres scientifiques sous forme de workshops. Ce sont tout autant de nouvelles responsabilités qui me donneront certainement plus de visibilité dans la recherche mathématique française.

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