Ludovick Gagnon, nouveau recruté dans l’équipe Sphinx

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Mis à jour le 13/02/2020
Depuis le 1er septembre, l’équipe Sphinx compte un nouveau membre, tout droit venu du Québec. Rencontre avec Ludovick Gagnon, 31 ans, chargé de recherche Inria.

Ses études secondaires terminées, Ludovick (écrit avec un « k », une fantaisie de sa mère me confie-t-il) poursuit ses études au Québec (licence de maths, master de maths). Pendant sa licence, il obtient une bourse pour faire de la recherche. Passer de la physique aux mathématiques, de la théorie aux applications l’intéresse plus particulièrement, et c’est pour cette raison et tout naturellement qu’il s’oriente vers la théorie du contrôle, qui offre les deux perspectives. Cette thématique de recherche est particulièrement développée en France, et c’est lors d’une conférence à Bilbao en 2011 qu’il fait sa première rencontre déterminante : Jean-Michel Coron, membre de l’académie des sciences et lauréat du prix Maxwell. Celui-ci lui propose d’effectuer d’abord son master à Paris, puis de faire sa thèse à ses côtés. Ludovick fait ensuite son postdoc à Nice, sous la direction de Gilles Lebeau, membre de l’Institut Universitaire de France et également membre de l’académie des Sciences. Et début 2017, 2nde rencontre déterminante avec Thomas Chambrion, lors d’une conférence au Brésil, qui l’incite à contacter Takéo Takahashi, responsable de l’équipe Sphinx.

En quoi consiste ton travail de recherche ?

L’équipe Sphinx travaille sur les équations aux dérivées partielles, la théorie du contrôle, les problèmes inverses et l’analyse numérique. De mon côté, je travaille plus spécifiquement sur la théorie du contrôle. C’est l’étude de l’évolution de l’état d’un système (température d’une pièce, forme d’une vague dans un canal) en fonction d’une force (notre contrôle – par exemple, une climatisation ou un générateur de vagues). Au niveau mathématique, on s’intéresse à voir quels états sont accessibles en fonction du type de contrôle choisi. Cette théorie trouve de nombreuses applications. Deux m’intéressent particulièrement, en raison de la présence d’un état stable de nature non linéaire, le soliton :

  • Le nettoyage des canaux d’une ville. Les canaux sont souvent pollués et la méthode de nettoyage actuelle consiste à vider le canal de son contenu, le nettoyer et ensuite le remplir. L’idée que je cherche à approfondir est de créer des solitons dans le canal afin que le courant créé par ceux-ci déplace les polluants vers une station de traitement des eaux. L’avantage de cette méthode est qu’elle semble efficace au niveau énergétique. Si ça fonctionne, des collaborations seront alors possibles avec des communes ou des sociétés chargées d’effectuer des pompages.
  • Les solitons sont également utilisés dans la fibre optique dans la transmission de bits, puisque l’impulsion envoyée est sous forme d’un soliton. La stabilité des solitons permet d’envoyer de l’information sur plusieurs milliers de kilomètres. Mais lorsqu‘il y a des perturbations trop fortes sur la ligne, le soliton peut être altéré et on perd des bits, donc de l’information. Plusieurs techniques sont utilisées pour amplifier le signal le long de la fibre optique afin d’éviter cette perte de bits. Plutôt que d’amplifier le signal le long de la ligne, j’essaie de trouver un moyen pour agir à longue portée à l’aide de la source afin de préserver la forme du soliton.

En dehors de ses activités professionnelles, Ludovick a des passions. Jeune, il pratiquait le hockey sur glace, comme tout bon québécois qui se respecte, mais aussi le snowboard ou la randonnée en montagne. Mais il s’intéresse aussi au théâtre et plus particulièrement à l’impro, activité qu’il a découverte il y a deux ans.

Et à la question « si tu étais un personnage, tu serais… ? » : Il y a un mathématicien qui m'a toujours fasciné, comme beaucoup, c'est Paul Erdos. Beaucoup l'admirent pour sa contribution scientifique mais je crois que ce qui m'inspire le plus, c'est son style de vie nomade.

Bienvenue Ludovick chez Inria !