IA : une identité scientifique régionale incontestable

Date:
Mis à jour le 08/11/2022
Le CNRS, le centre de recherche Inria Lille – Nord Europe, l’université d’Artois, l’université de Lille et l’université de Picardie Jules Verne font converger leurs forces et celles de tous les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en région, avec l’objectif de fédérer et stimuler une recherche d’excellence en intelligence artificielle dans les Hauts-de-France.
Illustration IA
Photo © taa22 - stock.adobe.com

Des forces exceptionnelles en IA présentes en région Hauts-de-France

La région Hauts-de-France héberge des chercheurs et chercheuses à visibilité internationale dans les deux grandes thématiques de la recherche en intelligence artificielle : IA numérique et IA symbolique.

Des  scientifiques de renom conduisent ainsi leurs activités de recherche en intelligence artificielle au Centre de recherche en informatique de Lens (CNRS / université d'Artois), dans les équipes communes Inria / CNRS / École centrale de Lille / université de Lille au sein du Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CNRS / École centrale de Lille / université de Lille) et du laboratoire Painlevé (CNRS / université de Lille), au Laboratoire Modélisation, information et systèmes de l’Université de Picardie Jules Verne et dans le Laboratoire amiénois de mathématique fondamentale et appliquée (CNRS / université de Picardie Jules Verne).

L’IA numérique part des données, et un de ses champs d’études est le machine learning ou apprentissage automatique. Un doctorant de l’équipe-projet Sequel* – Inria / CNRS / université de Lille, Daniele Calandriello, a remporté en 2018 le prix de la meilleure thèse IA de France*. Des conférences internationales sur l’IA se déroulent régulièrement dans les Hauts-de-France du fait de la présence de ces scientifiques reconnues et reconnus internationalement. Par exemple, la conférence EWRL (European Workshop on Reinforcement Learning), où interviendront des invités de prestige (Rémi Munos, futur directeur Deepmind Paris et Richard Sutton, fondateur de l’apprentissage par renforcement…) se tiendra en octobre 2018 à Lille. Elle sera sponsorisée par des entreprises comme CriteoDeepmindFacebook.

L’IA symbolique exploite quant à elle les connaissances et les raisonnements humains. Cette thématique scientifique suscite aujourd’hui un engouement renouvelé car elle permet d’expliquer les décisions prises par l’intelligence artificielle, de générer de nouvelles connaissances intelligibles par l’humain, au-delà des données elles-mêmes.

Le CRIL, laboratoire de l’université d’Artois et du CNRS, est le seul laboratoire de France entièrement consacré à ce sujet. Le prix 2017 de la meilleure thèse IA avait été remporté par un doctorant du CRIL, Eric Piette*.

On peut également citer l’organisation de CP 2018 (International Conference on Principles and Practice of Constraint Programming), conférence internationale majeure du domaine ayant lieu à Lille.  

Le projet scientifique des acteurs régionaux vise à conjuguer ces deux thématiques de recherche en IA au service des avancées de l’intelligence artificielle et de son déploiement au sein de la société.

Intelligence artificielle : comment la comprendre ? 

Les recherches en IA ne cessent de progresser et le sujet occupe une place croissante. Il suscite interrogations et attentes, mais aussi des craintes voire des rejets. Deux besoins se font de plus en plus pressants : expliquer les décisions prises par les systèmes dits d’IA, et accompagner la dissémination des progrès de l'IA au sein de la société. C’est pourquoi l’identité scientifique régionale émerge autour d’une thématique centrale : le lien entre l’intelligence artificielle et l’humain, via la notion d’explicabilité. À l’heure où l’IA s’étend à de nombreux usages et a des impacts directs sur tout un chacun – santé, véhicules autonomes, sécurité, analyse financière, e-commerce –, il est indispensable de fournir des explications et des justifications sur les recommandations faites ou les décisions prises par les systèmes d’intelligence artificielle, afin d’en assurer l’acceptabilité.

L’explicabilité de l’IA constitue un véritable défi scientifique, qui mobilisera les chercheurs pour plusieurs années, mais le relever permettra d’accompagner le déploiement de l’IA au sein de la société. Ce défi est l’objectif phare des laboratoires régionaux en intelligence artificielle.

Collectivités, entreprises, centres de recherche, universités, écoles… : l’écosystème se structure pour faire émerger une IA "human-friendly"

La communauté scientifique régionale en IA se structure autour du CNRS, d’Inria, de l’université d’Artois, de l’université de Lille et de l’université de Picardie Jules Verne, en partenariat avec l’École centrale de Lille, l'université de Technologie de Compiègne, l’IMT Lille-Douai, l’université polytechnique Hauts-De-France et l’université du Littoral côte d'opale. Ces forces scientifiques d’excellence bénéficient d’un appui important des acteurs publics – région Hauts-de-France, État, I-Site université Lille Nord-Europe, métropole européenne de Lille, Amiens métropole et des acteurs économiques tels que Amiens Cluster, Entreprises et CitésEuraTechnologies. De plus, des entreprises comme OVH et IBM ont aussi manifesté leur intérêt pour cette démarche de structuration, tout comme d’autres acteurs, tout aussi essentiels, autour d’usages tels que la santé, l’énergie et la mobilité. Il s’agit d’accompagner le déploiement de l’IA dans toutes ses dimensions, de la recherche aux usages.

Parole aux acteurs

État 

Michel LALANDE, préfet de la région Hauts-de-France

« Les Hauts-de-France sont une terre privilégiée de mise en œuvre de la stratégie nationale définie par le Président de la République, lors de son discours au Collège de France, le 29 mars dernier. Son ambition : faire de la France et de l’Europe des leaders de l’intelligence artificielle. Il s’agit de conforter en France et en Europe l’écosystème de l’intelligence artificielle et d’engager une politique résolue d’ouverture des données, de disposer de financements massifs tout en pensant les termes d’un débat politique et éthique, permettant de garantir la confiance dans les innovations qu’elle apporte. L’excellence reconnue internationalement de notre recherche publique et de nos acteurs économiques, le dynamisme de leurs collaborations sont des atouts majeurs pour le développement et l’expérimentation de nouvelles applications ouvertes sur l’Europe et le monde, en particulier dans les domaines de l’économie de la santé, l’énergie, la mobilité et la formation. »

Région Hauts-de-France 

Nicolas LEBAS, vice-président de la région Hauts-de-France en charge de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de l’Europe et de la Planification territoriale

« L’intelligence artificielle représente un véritable défi autant sociétal que technologique et économique, et la région Hauts-de-France, terreau fertile dans ce domaine, entend y prendre toute sa part. Les Hauts-de-France disposent effectivement d’atouts incontestables pour accueillir un institut en intelligence artificielle, notamment de nombreux laboratoires de recherche dont la région soutient les travaux, mais également des entreprises qui proposent déjà des solutions opérationnelles en matière d’IA. L’institut IA en Hauts-de-France renforcera une communauté régionale structurée et forte, contribuant au développement de notre territoire en plaçant la personne au cœur de son action. »

I-Site Université Lille Nord-Europe

Gilberte CHAMBAUD, présidente d’I-Site université Lille Nord – Europe

« Portant l’ambition collective de répondre aux grands enjeux de société actuels et de donner accès aux acteurs du monde socio-économique à l’expertise des chercheurs et chercheuses, les fondateurs et fondatrices, et partenaires de l'I-SITE ULNE ont défini une stratégie scientifique autour de trois hubs  - santé, planète, monde numérique -  avec une forte volonté d’interdisciplinarité. Si l’IA est au cœur du hub "monde numérique", elle est aussi essentielle dans les deux autres hubs , également secteurs prioritaires identifiés dans le rapport Villani. Avec une place importante donnée aux sciences humaines et sociales, la démarche IA s’inscrit au cœur de la dynamique de l’I-SITE , tout en renforçant les liens des membres fondateurs avec les partenaires. »

CNRS

Pascal AUSCHER, directeur de l'Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions

Michel BIDOIT, directeur de l'Institut des sciences de l'information et de leurs interactions

« Les succès récents, qui participent à la large médiatisation actuelle de l'IA, ont été obtenus grâce à la conjonction de plusieurs facteurs (disponibilité de grandes masses de données, mise au point d'architectures de calculs spécialisées, développement d'outils logiciels) mais résultent aussi des avancées scientifiques majeures sur les modèles et méthodes avec l'hybridation de techniques venant de sous-domaines différents des mathématiques et de l'informatique. À travers ses laboratoires des Hauts-de-France, au premier rang desquels le CRIL, CRIStAL et LPP, le CNRS a œuvré depuis plusieurs décennies au développement de ces méthodes qui font aujourd'hui le succès de l'IA. Pour être acceptables par la société, encore faut-il cependant qu'on puisse expliquer et certifier les résultats obtenus par les systèmes d'IA. C'est ce défi que le projet va relever. »

Inria

Isabelle HERLIN, directrice du centre de recherche Inria Lille – Nord Europe

« Nous structurer est très vite devenu une évidence après avoir visualisé nos forces scientifiques reconnues internationalement dans le domaine de l'intelligence artificielle. Grâce à une approche résolument partenariale, nous avons regroupé les laboratoires de la région afin de pouvoir aborder la question cruciale de l'explicabilité de l'IA. Comprendre et expliquer comment un algorithme prend des décisions nous paraît aujourd'hui indispensable, et nous sommes armés pour relever ce challenge. »

Université d’Artois

Pasquale MAMMONE, président de l'université d'Artois

« L'université d'Artois possède un laboratoire d'excellence, spécialisé en intelligence artificielle, le CRIL . La visibilité internationale de ce laboratoire a conduit l'université d'Artois à définir cette année un domaine d'intérêt majeur supplémentaire de l'établissement, centré sur l'intelligence artificielle et dont le CRIL constitue l'épine dorsale. C'est donc en toute logique que nous avons pris part à la démarche partenariale autour de l’IA. Inscrite dans le territoire des Hauts-de-France, cette démarche est portée par des équipes de recherche reconnues internationalement et des acteurs importants du monde économique. Elle a pour ambition de rendre compréhensibles pour l'Homme les décisions prises par la machine. La complémentarité des approches scientifiques autour de l'intelligence artificielle adoptées dans notre territoire et les synergies qui en résultent sont des atouts majeurs pour mener à bien ce travail nécessaire et ambitieux, qui permettra d'ancrer l'usage de l'IA dans notre vie quotidienne. »

Université de Lille

Jean-Christophe CAMART, président de l’université de Lille

« Il n'a pas fallu attendre le rapport Villani pour que l'intelligence artificielle ait une place importante au sein de l'université de Lille. Avec le développement du numérique, plusieurs formations et laboratoires de recherche de différents domaines (mathématiques, informatique, mais aussi éthique, droit…) ont déjà intégré les questions importantes de développement de méthodes d'IA et de leurs usages.

Nous avons donc de solides bases, et nous devons maintenant nous regrouper avec les autres forces présentes en région pour réfléchir collectivement à la question de l'explicabilité de l'IA, ou comment rendre les décisions prises par les méthodes d'IA compréhensibles par les humains. C'est notre objectif commun. »

Université de Picardie Jules Verne

Mohammed BENLAHSEN, président de l'université de Picardie Jules Verne

« Notre démarche sur l’IA est une illustration, par sa dimension collaborative, de la volonté de l’UPJV de contribuer au maillage territorial de l’enseignement supérieur en Hauts-de-France. Ainsi, l’UPJV, avec l’appui de ses unités de recherche en mathématiques et STIC/SPI, respectivement LAMFA et MIS , ambitionne de contribuer à l’essor de la révolution numérique tant académiquement, par la conduite de recherches fondamentales dont le cœur réside dans l’explicabilité des IA, qu’économiquement et socialement par le développement et l’accompagnement de cette "intelligence" au service du développement des entreprises et par extension de l’emploi. À ce titre, l’UPJV, en partenariat avec le MiPiHAmiens Cluster, le CHU Amiens-Picardie, l’AFRCOrange Bank… positionnera plus spécifiquement ses efforts sur l’analyse et l’hébergement des données de santé, ainsi que sur la relation client. »

Amiens Cluster

François-Xavier LEVEL, directeur général d’Amiens Cluster

« Amiens Cluster, c’est trois domaines de spécialisation : la e-santé et le parcours de soin individualisé avec le cluster Le Bloc, l’autonomie énergétique avec le cluster Energeia, les nouveaux usages numériques et la relation client avec le cluster ADN . C’est également une stratégie commune : agréger ces spécificités territoriales autour de l’intelligence artificielle, avec notamment le projet de structuration autour de l’IA des Hauts-de-France et son offre de compétence de niveau international. »

Entreprises et Cités

Pascal BOULANGER, président d’Entreprises et Cités

 « Avec les questions de l’interface humain/machine, l’un des grands défis de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos entreprises est la manipulation et l’exploitation des données.

L’avantage compétitif que nos grandes entreprises internationales apportent à notre territoire doit être relayé par un développement robuste de la recherche en général et dans les technologies de l’information en particulier. Nos équipes ont besoin de pouvoir s’appuyer sur une offre de classe mondiale et nous soutiendrons à chaque fois que l’occasion nous sera donnée les opportunités de nous associer aux programmes de coopération public/privé. Tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. »

EuraTechnologies

Raouti CHEHIH, directeur général d’EuraTechnologies

« Rejoindre une telle aventure est une évidence pour EuraTechnologies . Depuis la création en 2009, nous n’avons eu de cesse de chercher à anticiper les grandes tendances technologiques et leurs impacts sur la transformation de notre société. Ainsi, EuraTechnologies a fixé l’IA comme un axe stratégique fort de ses cinq prochaines années d’activités notamment dans le soutien à l’émergence de talents (étudiant.e.s, professionnel.le.s...), le sourcing et l’accompagnement de startups dans le secteur de l’IA et enfin la construction d’un écosystème solide capable de se projeter sur ces enjeux (Labs, grands groupes, investisseurs…). Il était donc naturel que nous nous engagions dans cette démarche auprès de tous ces partenaires incontournables. »

OVH

Octave KLABA, Founder & CEO, OVH

« Le métier d’OVH est d’accompagner les entreprises dans leur transformation digitale, en leur fournissant des infrastructures cloud adaptées à leurs besoins, grâce à 28 datacenters sur 12 sites et 4 continents et notre propre réseau mondial de fibre. La volonté de fournir au monde des technologies qui lui permettent de se transformer fait partie de la raison d’être d’OVH, depuis la création de l’entreprise en 1999. Voilà pourquoi nous soutenons aujourd’hui la démarche de structuration des acteurs régionaux autour de l’IA, en y apportant notre savoir-faire en conception d’architectures cloud. Notre rôle y est de fournir des infrastructures optimisées pour le traitement de l’information liée au domaine de l’intelligence artificielle, qui puissent répondre aux besoins de tous les projets développés grâce aux travaux de recherche issus de cette initiative. » 

xBrain

Gregory RENARD, cofondateur et Chief AI Officer xBrain

« L’IA a le potentiel de transformer la société. Notre région possède des forces scientifiques et économiques en IA remarquables qui peuvent lui apporter un renouveau et la mettre à la pointe technologique internationale. Ayant un pied dans la Silicon Valley et l'autre dans notre région, j'apporte mon soutien complet avec enthousiasme et passion à cette initiative et serai heureux de pouvoir y participer. J'apprécie beaucoup l'accent mis sur la dimension profondément humaine de ce projet. »

Amiens Métropole

Alain GEST, président d’Amiens Métropole

« Notre territoire est riche de nombreuses compétences, de niveau international, principalement dans les domaines de la e-santé, du stockage de l’énergie et de la relation client. Pour chacun de ces secteurs, Amiens Cluster dont les membres fondateurs sont Amiens Métropole, la ville d‘Amiens, l’UPJV, la CCI, le CHU, a pour mission de fédérer les compétences et renforcer les synergies. Pour ce faire, l’intelligence artificielle est un levier de développement considérable. Notre université, l’UPJV et ses laboratoires sont des partenaires essentiels pour mener cette stratégie. Que nous puissions unir nos forces au niveau de la région Hauts-de-France avec un projet commun autour de l’IA est, sans conteste, un atout majeur. »

Métropole Européenne de Lille

Damien CASTELAIN, président de la Métropole européenne de Lille

« Santé, transports, télécoms, distribution, sécurité… l’intelligence artificielle impacte de nombreux secteurs d’activités et donc nos concitoyens. Pour déployer l’IA dans nos sociétés, les défis sont nombreux. Il faut pouvoir rendre le sujet et ses enjeux compréhensibles. Notre territoire est prêt à relever le challenge. Avec l’ensemble des acteurs régionaux et la communauté scientifique, la MEL s’engage pour faire de cette démarche une réussite ! »


* SequeL est une équipe-projet Inria commune avec le CNRS, l'Université de Lille au sein du Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CNRS / Centrale Lille / Université de Lille)

* Ce prix décerné par l’AFIA lui a été remis ex-aequo avec Nawal Benabbou de Sorbonne Université / LIP6.

* Ce prix décerné par l’AFIA lui a été remis ex-aequo avec Michaël Perror, Université de Saint-Etienne