Europe

Adra-e, pour un véritable écosystème européen de l'IA, des données et de la robotique

Date:
Mis à jour le 27/09/2022
Alors que l'Europe s'engage de plus en plus fortement sur la voie de la souveraineté, le projet Adra-e a pour objectif de créer et de développer un écosystème européen durable réunissant trois communautés : IA, données et robotique.
Adra-e
© CRI de Paris

 

Depuis le 1er juillet 2022, Inria coordonne et soutient Adra-e, un projet financé par la Commission européenne, avec pour objectif de faciliter les synergies entre les communautés de l’IA, de donnée et de la robotique. Retour avec Marc Schoenauer, responsable de l'équipe-projet TAU à Saclay, et adjoint au directeur scientifique en charge de l'IA, sur les contours de ce projet.

Quels sont l'origine et le sens du projet ?

L’association Adra (AI, data and robotics association) est le partenaire privé du Partenariat européen ADR (AI, Data and Robotics) qui vise à renforcer la collaboration et développer les synergies entre les trois communautés technologiques complémentairesque sont l’IA, la data et la robotique.

Adra-e est un projet européen qui a été monté en étroite collaboration avec l’association Adra. Il constitue l’outil opérationnel pour le développement d’un ADR européen en établissant des ponts entre les communautés tout en sensibilisant et protégeant les intérêts des citoyens de l’Union européenne. Adra-e a pour objectif de participer à la construction d’un écosystème ADR de confiance, durable, compétitif et en capacité de lever des investissements privés. 

Le projet poursuit six objectifs :

  • Connecter les trois communautés et soutenir l’Agenda stratégique pour l’innovation et le déploiement de la recherche (SRIDA) par sa mise à jour et sa mise en œuvre.
  • Cartographier le paysage actuel de l’ADR et de ses infrastructures afin de tisser des liens entre les communautés.
  • Sensibiliser aux technologies ADR de confiance pour tous avec la création en particulier d’un "ADR Awareness Centre".
  • Accroître les capacités d’innovation et d’adoption de technologies ADR.
  • Soutenir le déploiement de standards et d’une réglementation en soutien à la souveraineté européenne.
  • Durabilité à travers une étroite collaboration avec Adra, la plate-forme AI-on-Demand et le partenariat ADR.
L’IA, un enjeu de recherche majeur chez Inria

Quels sont les acteurs du projet Adra-e ?

Inria est le coordinateur d’un consortium qui regroupe des industriels et académiques de premier plan mettant en commun des expertises dans les trois disciplines que sont l’IA, la data et la robotique. La constitution de ce consortium a permis d’aboutir à une représentation équilibrée aussi bien entre les secteurs, industriel et académique, qu’entre les trois disciplines deeptech.

Adra-e compte 13 partenaires

Inria, Universiteit van Amsterdam (UvA), Universiteit Twente (UT), ATOS SPAIN SA, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), TRUST-IT SRL, Linkopings Universitet (LiU), Siemens Aktiengesellschaft, Dublin City University (DCU), Deutsches Forschungszentrum fur Kunstliche Intelligenz GMBH (DKKI), National University of Ireland Galway (NUIG), AI, Data and Robotics Association (Adra) et Hrvatska Udruga Za Umjetnu Intelligenciju (CroAI).

Tous les membres du consortium sont activement engagés dans l’association Adra et ses cinq associations fondatrices (BDVA, CLAIRE, ELLIS, EurAI and euRobotics ) ainsi qu’avec le partenariat ADR.

Adra-e travaillera en étroite collaboration avec la CSA AI4Europe qui développe la plate-forme AI on demand.

Quels sont les enjeux scientifiques de cette coordination européenne ?

Il faut tout d’abord dissiper un malentendu : les défis ici ne sont pas directement scientifiques mais plutôt culturels.

Avant tout, il faut comprendre que ces trois domaines sont aujourd’hui intimement liés, et doivent être appréhendés dans leur globalité : l’essor récent de l’IA n’a été possible que du fait de la disponibilité des données, et la robotique (hors la partie mécatronique) se développe aujourd’hui surtout par l’augmentation du nombre de capteurs dont chaque robot peut disposer à bas prix, générant des masses de données dont le traitement efficace passe par l’IA. Mais il ne s’agit pas de développer n’importe quelles technologies dans ces domaines. Il est primordial de ne pas déshumaniser le secteur, sous peine d’un rejet massif des avancées possibles et du fait des menaces que ces technologies peuvent faire peser sur la société équitable et démocratique que souhaitent la France et l’Europe.

L'IA, les données et la robotique centrées sur l'humain et dignes de confiance sont des technologies qui doivent être sûres, inclusives et durables, respectant les besoins fondamentaux des personnes, tout en reflétant les valeurs dont jouissent ou aspirent à jouir tous les citoyens en Europe, même, et surtout, si ces valeurs ne sont pas universellement reconnues et appliquées (voir le livre blanc de la CE sur l'IA, 2020 + "Rapport sur les implications de l'intelligence artificielle, de l'internet des objets et de la robotique en matière de sécurité et de responsabilité").

Malgré les avancées récentes en termes de réglementation, de normalisation et de développement technologique, il reste beaucoup de travail pour faire de cette vision une réalité.

Il existe une opportunité pour l'Europe de devenir un leader mondial de l'IA, données et robotique centrée sur l'humain et digne de confiance, mais cette ambition ne peut être réalisée qu'en mobilisant, face à la concurrence mondiale, toutes les parties prenantes pertinentes et les ressources nécessaires. Grâce à sa diversité culturelle et à son engagement fort en faveur d'une transformation durable et centrée sur l'humain de notre société et de notre économie, l'Europe est déjà bien positionnée. Cependant, l'écosystème européen de l'IA, données et robotique est encore assez fragmenté, ce qui ralentit les progrès encore nécessaires.

L'innovation en matière d'IA, données et robotique n'est pas un processus linéaire (augmentation du TRL de la recherche à la mise en œuvre industrielle), mais repose plutôt sur une dynamique complexe et circulaire de divers acteurs (recherche, industrie et politique). Certains d'entre eux jouent un rôle actif dans le partenariat ADR (principalement les grandes entreprises et la recherche appliquée), mais pas tous. Il est certes peu probable que les jeunes acteurs (startups ou licornes) jouent un rôle actif dans le partenariat, mais ils sont très importants pour l'innovation de rupture dans les domaines concernés en Europe. Le partenariat doit donc développer des moyens pour les inclure et s'assurer que leurs besoins soient pris en compte. Il s'agit notamment de combler le fossé entre l'activité descendante du partenariat et les écosystèmes régionaux qui sont souvent le lieu de naissance de l'innovation.

Quelles sont les dynamiques complexes auxquelles Adra (et donc ADRA-e) peut contribuer ?

La normalisation, la réglementation (tant dans sa rédaction que dans sa mise en application) et la confiance sont essentielles pour l'adoption de la technologie européenne en matière d'IA, de données et de robotique.

Pourtant, l'IA, les données et la robotique dignes de confiance sont une cible mouvante qui évolue au fil du temps en raison non seulement des progrès scientifiques et technologiques, mais aussi des mouvements d’opinion relatifs aux grands problèmes du temps.  Les activités de normalisation, de réglementation et de confiance progressent en parallèle avec les avancées technologiques, et l’ensemble doit être étroitement coordonné pour atteindre les buts fixés.

Les opportunités socio-économiques du côté de la demande des technologies d'IA, données et robotique sont énormes. Mais il s’agit d’un domaine "winner takes all", comme le montre le succès des géants technologiques, aujourd’hui majoritairement non européens. L'Europe a la possibilité de diriger le développement d'une IA digne de confiance, mais une coordination offre/demande doit être consolidée pour assurer la compétitivité à l’échelon mondial.

Quelles seront les actions prioritaires ?

Le projet sera rythmé par des événements à récurrence annuelle ainsi que par 14 workshops interdisciplinaires qui marqueront des étapes importantes pour le développement de synergies au sein de la communauté ADR et d’interactions avec les différents acteurs de la société : citoyens, entreprises, administrations …

Quatre types d’événements sont prévus :

  1. ADR Conference, qui vise à réunir la communauté ADR ;
  2. ADR Project Exhibition, dans lesquelles les divers projets du paysage ADR pourront se présenter et nouer des liens avec d’autres projets thématiquement proches mais n’appartenant pas forcément aux mêmes programmes ;
  3. ADR Awareness Day, à destination d’un public varié : citoyens, industrie, commerce, administration ;
  4. Convergence Summit, qui réunira des acteurs de hauts niveaux (dirigeants d’entreprise, élus, hauts fonctionnaires, etc.

À noter que la première édition de la Conférence ADR se tiendra en octobre 2022 à Bruxelles et propose de réunir les CSA dans le domaine de l’IA, de la data et de la robotique. 

Par ailleurs, un événement de lancement des 42 nouveaux projets financés par la CE se tiendra également le 17 octobre prochain.

En savoir plus sur le projet
Drapeau européen

 

Financé par l'Union européenne. Les points de vue et opinions exprimés sont toutefois ceux de l'auteur uniquement et ne reflètent pas nécessairement ceux de l'Union européenne ou de la Commission européenne. Ni l'Union européenne ni l'autorité subventionnaire ne peuvent en être tenues responsables.