Changed on 08/04/2021
Dans le cadre du plan Investissement d'avenir 2 porté par le Commissariat général à l'investissement, l'appel à projets e-FRAN (Espaces de formation, de recherche et d'animation numérique) a retenu deux équipes-projets du centre Inria Bordeaux Sud-Ouest : Potioc et Flowers. Ici, pas de gadgets mais de véritables outils numériques pour améliorer les connaissances des élèves et accroître leur motivation.
Illustration numérique éducation
© Inria / Photo G. Scagnelli

« L'excellence du numérique pour favoriser l'excellence de l'éducation »

« L'excellence du numérique pour favoriser l'excellence de l'éducation »  : Jean-Marc Monteil, chargé de mission national pour le numérique et ancien recteur, définit ainsi l'ambition de l'appel à projets e-FRAN. Faisant partie des 22 structures sélectionnées, les équipes-projets Potioc et Flowers du centre Inria Bordeaux Sud-Ouest, en lien avec leurs partenaires, sont chargées de réinventer le numérique en classe via les projets e.Tac et Perseverons.

« Jusqu'à maintenant le numérique à l'école se résumait aux tablettes, au tableau blanc interactif ou éventuellement au Mooc », explique Martin Hachet, responsable de l'équipe-projet Potioc. Pour s'en démarquer, les chercheurs et chercheuses ont travaillé sur des objets augmentés.

Ainsi est venue l'idée du premier prototype : une table ronde où cohabitent des objets numériques et des objets physiques permettant aux collégiens de travailler ensemble. Lorsque les élèves poseront des objets sur cette table, elle fera apparaître des liens entre eux et proposera des contenus associés à ces objets (vidéos, sons...). « Le but avec le projet e.Tac, porté par l'université de Lorraine, est de créer un environnement hybride alliant le monde physique et le numérique pour favoriser le travail de groupe. Nous souhaitons offrir de nouveaux outils qui pourront contribuer à améliorer l’acquisition de connaissances mais aussi de compétences, comme la structuration de la pensée des élèves », précise t-il.

Cette interface innovante et motivante permet aux adolescents de coconstruire un savoir en s'impliquant physiquement dans la tâche. « Notre projet de recherche est de démontrer que les systèmes hybrides et les interfaces tangibles sont de véritables leviers pour l'apprentissage collaboratif », poursuit Martin Hachet. La première version de la table sera d'ailleurs présentée en janvier prochain en Lorraine pour les premiers tests avec les partenaires du projet.

Des robots pour mieux apprendre

Autre équipe-projet retenue : Flowers avec le projet Perseverons, porté par l'université de Bordeaux. L'idée est de développer des outils numériques pour tous les élèves et plus particulièrement pour les lycéens en difficulté. L'équipe bordelaise menée par Pierre-Yves Oudeyer a mis au point des kits robotiques afin de rendre accessibles les concepts numériques par l'expérimentation tels que les algorithmes, le réseau, etc... « Les kits robotiques contiennent le matériel et les logiciels pour monter le robot mais pas seulement. Un livret pédagogique avec des activités est fourni afin de faciliter la prise en main du matériel et guider les enseignants », précise le responsable. La programmation du robot pour effectuer une tâche par exemple, donne une dimension tangible à des concepts numériques parfois assez abstraits pour des élèves de 15 à 18 ans. Les lycéens s'impliquant physiquement dans un projet bien concret, leur motivation pour l'apprentissage des sciences du numérique s'en trouve dès lors décuplée.

Les apports d'e-FRAN

Pour mettre au point ces différents outils, les équipes Potioc et Flowers ont travaillé main dans la main avec des enseignantes et enseignants partenaires. Brainstormings et participation collective, e-FRAN a favorisé la coconception des outils pédagogiques pour aboutir à des approches pertinentes à visée des élèves et de leurs professeurs. La table interactive de l'équipe-projet Potioc est d'ailleurs issue d'un design participatif afin d'impliquer le corps enseignant mais également les collégiens. Ce prototype servira de base de discussion avec les parties prenantes à partir des évaluations scientifiques réalisées in situ. Martin Hachet détaille : « Les outils sont testés en salle de classe, ce qui permet d'évaluer l'impact de ces approches sur les compétences visées et les valider. »

Autre volet d'e-FRAN : l'évaluation des outils par les utilisateurs. En effet, professeurs et élèves doivent répondre régulièrement à un questionnaire sur l'utilisabilité de ces objets en classe. « Grâce à e-FRAN, nous avons accès à des expérimentations à grande échelle, en partenariat avec des rectorats et des établissements scolaires », explique Pierre-Yves Oudeyer.

Pour mener à bien ces missions, la somme allouée par e-FRAN (un peu plus d'un million d'euros pour l’ensemble des partenaires de chaque consortium) a permis de recruter un doctorant et un ingénieur sur e.Tac et de financer une thèse sur Perseverons.

Le dispositif encourage également une large diffusion de ces outils à travers la création d'entreprise par exemple. Ce à quoi Martin Hachet a déjà pensé : « Nous voudrions que les outils que nous allons développer soient utiles au plus grand nombre afin d’améliorer les processus d’apprentissage ». Création d'une startup ? Collaboration avec une entreprise ? « Nous ne sommes pas fixés. Mais nous souhaiterions nous inscrire dans un dispositif pour que le projet soit diffusé largement en salles de classe », conclut Martin Hachet.