Changed on 19/03/2020
TsunamiLab a été conçu initialement par José Galaz, ingénieur civil industriel, lors d'une collaboration entre le CIGIDEN et Inria Chile. Le projet a trois objectifs : générer un outil utile pour la communauté, créer un logiciel de qualité et éduquer les citoyens par l'expérimentation. José Galaz évoque la genèse et les réussites du TsunamiLab , dont une démonstration sera présentée à Futur.E.S 2018 .

Comment la plate-forme TsunamiLab a-t-elle été créée ?

La création du TsunamiLab est née du constat que le meilleur moyen de sauver des vies en cas de catastrophe était d'éduquer la population. Bien que nous ayons accès à de vastes connaissances scientifiques et à des technologies de plus en plus innovantes, et en dépit des grandes répercussions des tsunamis sur l'histoire du Chili, il n'existe pas d'outil accessible à tous qui permette d'expliquer et d'étudier ces phénomènes à travers une expérience véritablement "pratique" comme on peut le faire dans un laboratoire. C'est la raison pour laquelle nous avons créé une plate-forme web qui tire parti du pouvoir des navigateurs internet et des simulations numériques pour interagir avec la dynamique des tsunamis depuis n'importe quel ordinateur.

L'idée m'est d'abord venue lorsque j'étais ingénieur en mathématiques à l'université pontificale catholique du Chili. Le premier prototype a ensuite été développé avec l'aide du CIGIDEN et, en 2016, Inria Chile a rejoint le projet pour une collaboration fructueuse.

Comment cette plate-forme fonctionne-t-elle ?

Au centre de son fonctionnement se trouve la résolution des équations linéaires de Barré de Saint-Venant, un type d'équations aux dérivées partielles (EDP). Ces dernières permettent de représenter la propagation de très longues ondes de surfaces en eaux profondes tout en prenant en compte les informations recueillies grâce à la topographie, la bathymétrie et la géographie complexe du littoral.
Ce modèle mathématique constitue généralement le premier niveau des simulations de systèmes d'avertissements de tsunamis, comme ceux qui existent au Japon, aux États-Unis ou encore au Chili. Cet outil de résolution est intégré dans WebGL, qui utilise un standard web ouvert et la carte graphique (ou le processeur graphique) de l'ordinateur pour effectuer des calculs performants. Enfin, la plate-forme web contient des informations accessibles au public provenant de l'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS) et de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) qui permettent d’étudier différents scénarios historiques et fournissent des données contextuelles plus poussées.

L'utilisation d'un standard ouvert et de technologies modernes permet au TsunamiLab d'être exécuté sur presque tous les ordinateurs par le biais du site internet, et réduit ainsi les barrières érigées entre la technologie et l’humain. Cette flexibilité nous permet de présenter le TsunamiLab à des adultes mais aussi à des enfants, sur plusieurs supports en dehors de la plate-forme web, comme de grands écrans tactiles, un hologramme et une projection de simulation de tsunamis que nous exposons aujourd'hui au festival Futur.E.S.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples des résultats du TsunamiLab ? 

Nous avons conçu ce projet dans l’optique de trouver le meilleur moyen de sensibiliser le public à l’égard des tsunamis grâce au TsunamiLab. La première année, nous avons participé à la sixième Biennale du design au Chili, où nous avons reçu le prix Chile Design dans la catégorie Alerte. De plus, l'année dernière nous avons reçu une mention honorable spéciale lors de la compétition « Mathématiques de la planète Terre » organisée par Imaginary. Nous avons également présenté le TsunamiLab dans des salons scientifiques et des musées mais aussi organisé des ateliers pour des professeurs venant de régions côtières. Le TsunamiLab a également été présenté à la télévision pour expliquer les conséquences d'un tremblement de terre qui a eu lieu à la fin de l'année 2016.

Collaborez-vous avec d'autres centres de recherche ou avec des entreprises ?

Le CIGIDEN est un centre de recherche interdisciplinaire sur les catastrophes naturelles au Chili. Nous avons pu développer nos compétences grâce à son expertise en géophysique ainsi qu’au travers de liens directs avec des chercheurs de plus de cinq universités chiliennes différentes, dans des disciplines comme les sciences humaines et sociales, et grâce à des institutions publiques comme l'Office national des urgences du Chili (ONEMI). De plus, la Fondation Inria Chile vise à développer des solutions novatrices grâce aux technologies numériques et a mis à notre disposition l’expérience et le savoir-faire technologiques nécessaires à une mise en œuvre réalisable et flexible de ce projet. Par ailleurs, étant donné qu’Inria Chile fait partie intégrante d’Inria, nous avons pu collaborer avec des chercheurs français pour étudier de nouvelles utilisations du TsunamiLab destinées à gérer les situations d'urgence. Nous n'en sommes qu'au début de ce projet.

Que prévoyez-vous pour les prochains mois ?

Dans les mois à venir, nous voulons que le TsunamiLab devienne le meilleur outil de formation et de sensibilisation aux tsunamis au Chili, notamment pour les enfants et le personnel enseignant. Dans ce but, nous pensons créer une startup dérivée d'Inria Chile et du CIGIDEN, qui ciblera les écoles publiques, et notamment celles se situant dans les régions côtières, afin que le TsunamiLab puisse être utilisé dans les environnements scolaires. Ainsi, nous souhaitons sensibiliser les nouvelles générations au danger que représentent les tsunamis pour notre pays afin qu'elles développent une plus grande résilience face à leurs conséquences.