La robotique est fantastique pour Jean-Baptiste Mouret

Date:
Mis à jour le 08/04/2020
Spécialisé en intelligence artificielle et en robotique, Jean-Baptiste Mouret intègre le centre Inria Nancy – Grand Est en mai 2015. Officiant au sein de l’équipe Larsen, il met en œuvre avec brio le projet qui lui a valu une ERC. Retour sur la success story de ce jeune chercheur de trente-cinq ans.
Hexapode
CC BY SA : Antoine Cully / UPMC

Un parcours guidé par la passion…

C’est à Paris que débute son parcours. Il fréquente d’abord l’EPITA, une école de référence en informatique, où il affirme son intérêt pour l’informatique. Porté par une passion pour la construction de robots entretenue depuis ses années lycée à l’occasion de la coupe de France de robotique, il poursuit son cursus à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC). Il y achève alors un cycle de Master avant de se lancer dans une thèse sur l’intelligence artificielle bio-inspirée, plus précisément sur comment s’inspirer de la sélection naturelle pour rendre les ordinateurs plus "créatifs".  Il est ensuite recruté en tant que maître de conférences par l’UPMC au moment de la création de l’ISIR (Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique) en 2009.

Alors qu’il enchaîne les séjours à l’université du Vermont et l’université de Cornell aux USA ou encore la Technische Universität de Darmstadt en Allemagne, Jean-Baptiste obtient en 2015 une ERC pour soutenir son projet de recherche. Dans l’optique de bénéficier d’un contexte de travail idéal pour celui-ci, il décide de rejoindre l’institut, réputé pour l’excellence de ses travaux en informatique et en mathématiques. Mais en quoi consiste ce projet ? Quels en sont les tenants et aboutissants ?

L’ERC ResiBots : aborder un problème classique sous un nouvel angle

Au-delà de quelques situations très contrôlées (par exemple, les robots industriels), les robots autonomes actuels sont à la fois fragiles et incapables de poursuivre leur mission dès que quelque chose se casse. Cette fragilité limite leur utilisation en dehors des usines.

L’approche classique serait de diagnostiquer ce qui est cassé et d’appliquer ensuite un traitement approprié

Problème : non seulement réaliser un "auto-diagnostic" est particulièrement difficile pour un robot autonome, mais surtout cela nécessite de nombreux capteurs internes, ce qui fait exploser la complexité (et donc le prix) des robots.

Son projet ERC propose un nouvel angle de travail : trouver un moyen de compenser l’erreur grâce à un apprentissage par essai-erreur. « Attention, il ne s’agit pas pour le robot de se réparer tout seul » , prévient Jean-Baptiste. L’objectif est davantage de contourner le problème le mieux possible sans avoir besoin d’identifier sa source. On peut alors parler de "robots résilients".

Cette ERC est le fruit d’un long processus. D’abord, des interrogations propres au domaine de recherche : où l’apprentissage en robotique peut-il faire la différence ? Existe-t-il des besoins ? « Tout le monde veut faire des robots capables d’apprendre, mais souvent d’autres techniques sont en fait plus adaptées », souligne Jean-Baptiste. Ensuite, il y a une volonté de s’attaquer à un problème qui freine l’adoption des robots dans de nombreux contextes.

En 2006, Josh Bongard publie dans la revue Science un article sur les robots résilients. Inspiré par cette publication, Jean-Baptiste décide d’accompagner ce professeur de l’université du Vermont pendant trois mois au sein de son laboratoire pour se familiariser avec la problématique.

 

Hexapode : détail
CC BY SA : Antoine Cully / UPMC

Au cœur des travaux de Jean-Baptiste Mouret réside un enjeu scientifique majeur : comment permettre au robot d’apprendre en très  peu d’essais ? Par exemple, si une catastrophe naturelle vient à frapper un territoire quelconque, les robots envoyés sur place doivent être en mesure de réagir au plus vite, et ce dans des situations complexes et souvent très mal anticipées, pour peut-être permettre de sauver des vies…

Aujourd’hui, avec son équipe composée de deux doctorants, deux postdoctorants et un ingénieur (bientôt deux), Jean-Baptiste Mouret travaille sur trois types de robot : un robot hexapode, doté de six pattes et adapté aux situations postcatastrophes ; un manipulateur mobile, construit sur roues et possédant un bras, utile dans les entrepôts et industries par exemple ; et enfin l’iCub, un robot humanoïde, plus complexe mais offrant plus de possibilités.

 

 

En couverture de Nature

Couvertue Nature 2015
Revue Nature

En 2015 le chercheur prometteur est révélé par son ERC et fait la couverture de Nature. Depuis, il est très sollicité par les médias les plus prestigieux, Le Monde, le Times ou encore le Washington Post… Une réelle chance pour Jean-Baptiste de faire connaître ses travaux, afin peut-être que d’autres s’en servent à leur tour dans leurs projets.

Sa motivation quotidienne tient en une intuition : celle que la plupart des robots, qu’ils soient dédiés à l’assistance, l’exploration ou les applications militaires, devront de plus en plus s’adapter à des situations qui n'ont pas été prévues par leurs concepteurs. Le chemin est encore long mais l’enjeu passionnant !