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Intelligence artificielle : Inria partage son expertise avec la startup gloo

Date:
Mis à jour le 15/09/2022
Le centre Inria – Bordeaux Sud-Ouest accompagne régulièrement, avec le soutien de la région Nouvelle-Aquitaine, des startups régionales en quête de nouvelles innovations technologiques. Récemment, un partenariat – placé sous le signe de l'agilité – a été signé avec gloo, une jeune pousse à l'origine d'une application permettant à des amis de trouver très facilement des créneaux horaires et des endroits attractifs pour se rencontrer.
Silhouettes miroir d'eau avec tête d'oiseau
© gloo

Une application pour souder nos relations avec des amis proches

Planifier des rencontres entre amis "dans la vraie vie", sans pour autant avoir à organiser des sondages Doodle et/ou d'interminables discussions sur Whatsapp… vous en rêvez ? C'est ce que vous propose l'application gloo (en référence à "glue", et donc à la colle, en anglais), disponible en téléchargement gratuit sur les plates-formes App Market (pour les smartphones Android) et App Store (pour les iPhones). Elle a été développée par une startup girondine éponyme (comptant sept collaborateurs), cofondée en 2017 par l'entrepreneur britannico-irlandais Aidan O’Brien.

Plus proche de la conciergerie que des réseaux sociaux classiques, l'application a été pensée pour les cercles d'amis très proches, qui ont entre 20 et 45 ans et souhaitent trouver rapidement un lieu de rendez-vous, un créneau et l'activité la plus fédératrice possible (un déjeuner en terrasse, une séance de farniente sur les bords de la Garonne…). Elle permet ainsi de repérer des contacts à proximité, de proposer une rencontre à certains d'entre eux, puis de visualiser et de choisir un lieu de rendez-vous approprié - en fonction de la localisation et des préférences de chacun.

De nouvelles manières d’utiliser l’intelligence artificielle

La première rencontre de la startup avec Inria, en 2019, a été le fruit d'une veille économique locale. Après avoir lu un article sur gloo dans une newsletter du Village by CA, l'incubateur du Crédit Agricole, Émilie Pons, chargée d'affaires InriaTech, s'est rapprochée d'Aidan O’Brien pour en savoir plus. La rencontre a rapidement débouché sur un partenariat de recherche avec l'équipe-projet Flowers, spécialisée dans l'apprentissage machine développemental ("developmental machine learning" en anglais), un champ de recherche visant à créer des liens entre l'apprentissage machine et les sciences du développement.

Le but de la collaboration ?
Identifier de nouvelles manières d'utiliser l'intelligence artificielle pour étudier le comportement des groupes. Le fondateur relève :

Il y a déjà beaucoup d'acteurs qui utilisent l'IA pour effectuer des recommandations pertinentes à un niveau individuel. Mais il y a beaucoup moins de recherches disponibles sur le comportement des groupes sociaux et l'influence des individus au sein de ces groupes. Nous souhaitons par exemple réussir à identifier dans chaque groupe d'amis, la personne sur laquelle il faut s'appuyer en priorité – parce qu'elle est populaire, a de l'influence et sait dégager des compromis.

Un partenariat gagnant-gagnant

Quel est l'intérêt pour Inria ? « Le choix de collaborer, ou pas, avec une startup locale est fonction de l'adéquation entre ses projets et nos recherches en cours », précise Dan Dutartre, ingénieur développement logiciel au SED (service d'intégration et de développement) du centre Inria Bordeaux Sud-Ouest, très impliqué dans le dispositif d'accompagnement de la jeune pousse. « Nous faisons se rencontrer des créateurs de startups et des chercheurs de nos équipes-projets et vérifions si ces chercheurs ont un intérêt à se concentrer sur les problématiques de recherche identifiées par les entrepreneurs. »

Les collaborations visent ensuite, si possible, à trouver des solutions aux problèmes posés. Aidan O'Brien rappelle en effet que les créateurs doivent être conscients que les apports d'Inria ne sont pas ceux d'une ESN (entreprise de services du numérique), qui répondrait à une commande :

Image
Portrait de Aidan O'Brien
Verbatim

La recherche est un pari, qui débouche parfois, mais pas toujours, sur une innovation et de la création de valeur.

Auteur

Aidan O'Brien

Poste

fondateur de gloo

Comprendre les dynamiques de groupe

La collaboration s’est avérée ici aussi fructueuse qu'agile et évolutive, puisqu'elle a abouti à la proposition de plusieurs algorithmes susceptibles d'améliorer le fonctionnement de l'application, tout en permettant au centre de se rapprocher un peu plus de l'écosystème de startups girondines. « Nous avons commencé par travailler sur l'utilisation d'algorithmes d'apprentissage par renforcement, un thème très en vogue actuellement dans le domaine de l'intelligence artificielle, qui consiste à apprendre des expériences pour répondre au mieux à un objectif, indique Clément Moulin-Frier, chercheur de l’équipe Flowers. Nos recherches se sont concentrées sur une version multiagent de ces algorithmes (applicable à une population de plusieurs agents qui interagissent), qui permettrait de tirer des enseignements, par l'expérience, sur des comportements collectifs. »

Après cette première phase de recherche, et en concertation avec gloo, les recherches ont évolué vers les algorithmes de recommandation applicables aux groupes.

L'objectif était cette fois de chercher à comprendre la dynamique des groupes, par exemple en essayant d'identifier les choix qui s'expliquent par les préférences d'un ou plusieurs utilisateurs ou bien ceux qui sont le fruit de l'influence exercée par un individu donné

indique le chercheur. Puis une ultime phase de recherche, plus récente, a visé à « trouver des méthodes qui permettraient de mesurer le niveau d'influence de chaque participant ». L'expérience montre qu'il y a toujours, dans un groupe, une personne qui va prendre l'initiative et chercher à trouver un compromis.

Un usage responsable des données

D'un point de vue éthique, gloo – qui bénéficie d'un soutien de la région Nouvelle-Aquitaine et de Bpifrance – se dit conscient des risques inhérents à l'extraction et à l'analyse des données personnelles de ses membres. « Nous ne partagerons jamais les données précises de géolocalisation de nos utilisateurs, contrairement à ce qu'il se passe actuellement sur d'autres réseaux, et nous indiquons juste si la personne se trouve à proximité », souligne Aidan O'Brien.

Le modèle économique ne repose pas sur l'affichage de publicité (il n'y en a pas), et donc sur le temps passé sur gloo, mais sur la création d'un système de paiement intégré, qui sera prochainement lancé en partenariat avec Natixis et Visa. « Un utilisateur pourra régler l'addition avec sa carte virtuelle gloo et immédiatement solliciter auprès de ses condisciples le règlement de leurs parts », souligne le fondateur. De quoi éviter aux convives le moment pénible des calculs d'apothicaire pour partager les frais. Et pourquoi pas aussi s'amuser, puisqu’ils auront la possibilité de participer à un jeu qui pourrait occasionnellement leur permettre de se faire offrir leur repas par gloo.

 

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Comprendre gloo, en moins d'une minute

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