GeO2 : une startup en devenir dans le maillage 3D

Date:
Mis à jour le 13/03/2020
Présélectionnée au jury national du concours i-Lab organisé par Bpifrance et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la technologie GeO2 est portée par une équipe de chercheurs d’Inria Nancy-Grand Est. Le projet, qui donnera lieu à la création d'une startup dans les douze mois à venir, a pour objectif d’améliorer, grâce à la modélisation numérique, l’utilisation des réservoirs naturels situés en sous-sol, tant pour les "nouveaux" acteurs du sous-sol, dans la transition écologique, que pour les industries fossiles existantes. Il se présente, en avant-première.
Wan Chiu
© Inria / Photo D. Betzinger

Je m'appelle GeO2

Je suis née en 2010 au sein de l’équipe-projet Alice commune au centre Inria Nancy Grand-Est et au LORIA. J’ai bénéficié de deux bourses de l’European Research Council (Starting Grant Goodshape et Proof of Concept Grant Vorpaline). J'étais alors un projet de logiciel de maillage générique, à destination de tous les secteurs de l’ingénierie mécanique.
J'ai été rebaptisée GeO2 en 2019, lorsqu'il a été décidé de concentrer les recherches sur une application très spécifique : modéliser les éventuelles déformations des réservoirs du sous-sol. Ce type d’analyse est stratégique pour les opérateurs du stockage géologique du CO2, les exploitants de ressources géothermiques et les industriels du pétrole et du gaz qui veulent maximiser la rentabilité de leurs investissements et minimiser les risques financiers.

Mon objectif : faciliter la simulation géomécanique des réservoirs

Lorsqu'il rejoint Inria pour porter le projet GeO2, Wan-Chiu Li est convaincu que les technologies sont mûres pour être commercialisées dans les secteurs du sous-sol. La raison ? Fort de onze ans d’expérience industrielle d’édition de logiciels pour l'exploration-production, il sait que les solutions utilisées jusqu'ici par les industriels de ces secteurs ne permettent pas toujours de simuler les déformations des réservoirs de façon fiable. D'où des investissements parfois hasardeux dans l'exploitation et des risques que l'exploration des poches ne finisse par entraîner des détériorations et des effondrements des équipements, voire des réservoirs eux-mêmes. A contrario , « les analyses géomécaniques effectuées avec la technologie GeO2 permettent de visualiser le comportement du réservoir à mesure qu'on y prélève des ressources ou qu'on y injecte des gaz » , explique Wan-Chiu Li.

Mes spécificités technologiques

La technologie GeO2 a un atout clé : elle sait traduire et interpréter à la vitesse de l'éclair les données émises par les solutions de modélisation - qui permettent de représenter le sous-sol en 3D - et les logiciels de simulation - qui permettent de prédire son comportement lors de l’exploitation. Cette technologie, fondée sur les résultats des projets ERC Goodhsape et Vorpaline, permet de réaliser la "traduction" entre le monde de la modélisation 3D et le monde de la simulation.  « Concrètement, ceci revient à segmenter le sous-sol en un ensemble de petits volumes élémentaires, sur lesquels sont apposées des équations mathématiques permettant de prédire avec précision les comportements physiques lors de la simulation », indique Wan-Chiu Li.

Mon porteur de projet 

Ben Wan-Chiu Li, 42 ans, a fait évoluer GeO2 pour en faire une solution industrielle de maillage 3D optimal pour les réservoirs du sous-sol ; il s’apprête maintenant à la commercialiser sous forme de startup. Élevé à Hong-Kong par des parents chinois, il parle couramment le cantonais, le mandarin et l'anglais (les trois langues enseignées à Hong-Kong), le hokkien (langue de ses parents), et le français. Suite à ses études à l'université de Hong-Kong il se spécialise dans la vision par ordinateur. Il rencontre Bruno Lévy, ex-responsable de l’équipe-projet Alice et actuel directeur du centre Inria Nancy - Grand Est, en 2000 lors d'un colloque, et rejoint son équipe comme ingénieur de recherche, pour ensuite y soutenir une thèse de doctorat.

Après une longue parenthèse dans l’industrie d’édition de logiciels, il est de retour à Inria depuis 2018 pour porter le projet GeO2 .

Mes défis à venir

Conscient qu'il ne suffit pas d'avoir une bonne technologie pour créer une entreprise rentable, le chercheur vient de suivre une formation intense à l'entrepreneuriat durant neuf mois, dispensée par Inria en partenariat avec l'EM Lyon. « Typiquement, il n'est pas facile pour un chercheur, habitué à aller dans le détail, de présenter à des néophytes un pitch compréhensible, en 5 ou 20 minutes, explique-t-il. Cette formation m'a donc beaucoup aidé. J'y ai aussi appris à identifier et cibler les segments de marché les plus porteurs pour notre technologie : les industriels des énergies fossiles, les exploitants de ressources géothermiques et les spécialistes en devenir du stockage géologique de CO2. » Ces derniers souhaitent éviter que les gaz à effets de serre ainsi stockés se répandent dans l'atmosphère. Reste désormais à finaliser la création de l'entreprise, à développer la notoriété de ses technologies et à les commercialiser.