Inria célèbre 30 ans de création d’entreprises

Date:
Mis à jour le 27/10/2022
1984 : Inria devient actionnaire d’une première société, SIMULOG. C’est le début d’une histoire de création d’entreprises toujours en marche ! Dès aujourd’hui et dans les mois qui viennent, Inria donne un coup de projecteur sur ses 30 ans de belles aventures entrepreneuriales. L’occasion de rappeler que, dans sa recherche d’impact économique et sociétal, la création d’entreprises est une des voies qu’Inria a décidé de privilégier. Entretien avec Antoine Petit, Président-directeur général d’Inria et Eric Horlait, directeur général délégué au transfert et aux partenariats industriels d’Inria.

Que représente la création d’entreprises dans l’activité d’Inria ?

Antoine Petit
© Inria / Photo C. Helsly
© Inria / Photo C. Helsly

Antoine Petit : Inria a pour mission d’avoir un impact économique et sociétal s’appuyant sur ses succès scientifiques. C’est une mission centrale, qui se décline à l’échelle de l’institut, de ses centres et de chaque équipe-projet. Dans notre domaine du numérique, pour concrétiser ce transfert, nous avons décidé de privilégier la voie de la création d’entreprises.

En 30 ans, ce sont plus de 120 sociétés de technologies innovantes qui sont issues des travaux de recherche conduits par Inria.

Eric Horlait : Le numérique est très porteur d’innovations. Nous aidons nos scientifiques à saisir les opportunités de création d’entreprises qui émergent autour de nouveaux services, de nouveaux outils ou encore du renouvellement du rapport à l’information et à la connaissance... Les sociétés s’appuient sur des recherches couvrant le spectre complet des activités d’Inria : le traitement et l’analyse d’images (vidéosurveillance intelligente, effets spéciaux), la sécurité numérique, la robotique, le génie logiciel (langages de programmation, outils d’écriture, de vérification et de maintenance de code), les interfaces de communication humain-machine, les réseaux et le calcul haute performance.

Elles commercialisent des produits et services dans des domaines extrêmement variés : santé, loisirs, défense, sécurité, habitat, transport, énergie, télécoms, commerce, éducation...

Quelles belles réussites ou faits marquants vous paraît-il important de souligner dans cette expérience de 30 ans de création d’entreprises ?

Antoine Petit : Inria a été précurseur dans l’accompagnement de la création d’entreprises issues de la recherche publique. Dès 1998, Inria a créé une spin-offInria transfert, devenue IT-translation en 2011, pour accompagner les chercheurs et chercheuses créateurs et créatrices d’entreprises. Elle utilise, pour ses investissements, des fonds d’Inria provenant de la vente de participations dans des startups issues d'Inria et créées précédemment. En1998 également, avec AXA Private equity, et CDC Entreprises, l’institut a créé I-Source Gestion, première structure française de capital risque, spécialisée dans l’amorçage de sociétés innovantes en sciences et technologies de l’information et de la communication. Nous avons su créer des méthodes, des process, des modalités d’accompagnement nouvelles, adaptés aux spécificités du domaine numérique, notamment en termes de gestion de la propriété intellectuelle. Aujourd’hui, plus de 70% des entreprises créées sont toujours en activité ou ont été rachetées, une majorité ayant réussi à évoluer vers un marché mondial.

Eric Horlait
© Inria / Photo G. Scagnelli
© Inria / Photo G. Scagnelli

Eric Horlait : Autre fait marquant qui illustre bien l’impact des entreprises créées par Inria : 10% de nos startups de plus de quatre ans ont été acquises par des entreprises que l’on peut qualifier de leaders mondiaux dans leurs domaines. C’est notamment le cas de Chorus rachetée par Sun Microsystems (qui sera racheté par Oracle) en 1997, Kelkoo rachetée par Yahoo! en 2004, Medience rachetée par Business Object (qui sera racheté par SAP) en 2005, Ilog rachetée par IBM en 2009 ou encore Trusted Logic rachetée par Gemalto en 2009. Parmi les entreprises plus récemment créées, on peut citer de beaux succès comme Golaem, startup rennaise créatrice de logiciels pour effets spéciaux, utilisés notamment dans les séries Game of Thrones ou encore The Walking Dead . Mais aussi Lyatiss, qui vend des services d’analyse et d’optimisation des performances des réseaux et des applications pour le Cloud, qui a installé son siège social dans la Silicon Valley tout en gardant son activité de R&D en France, ou encore Therapixel qui fait une entrée remarquée dans les blocs opératoires : son logiciel permet au chirurgien ou à la chirurgienne de contrôler des écrans sans les toucher pour rechercher et faire apparaître les images dont elle ou il a besoin aux différents stades d’une intervention.

Quelle est votre stratégie aujourd’hui ? Demain ?

Antoine Petit : Inria fait partie des acteurs qui contribuent à l’effort d’innovation français dans le domaine du numérique, et ce depuis plus de 30 ans. Nous travaillons en synergie avec l’ensemble des autres acteurs (investisseurs, collectivités locales, incubateurs, pôles de compétitivité, SATT, etc.). Via l’entretien de relations privilégiées, nous tirons le meilleur parti de la complémentarité des expertises pour mener à bien notre mission de création d’entreprises. Nous inscrivons notre action dans la dynamique French Tech comme je l’ai d’ailleurs souligné récemment au moment des premières labellisations de métropoles French Tech.

Eric Horlait : Nous mobilisons nos compétences et nos talents pour faire encore mieux. Nous poursuivons le développement d’une culture entrepreneuriale parmi nos chercheurs et chercheuses pour multiplier les opportunités de création d’entreprises. Nous accompagnons également le développement des entreprises créées en proposant un partenariat avec une feuille de route partagée de R&D à moyen terme : les Inria Innovation Labs. Nous voulons développer davantage encore ce type de coopération. Accompagner le développement des startups, continuer de leur donner un accès privilégié aux avancées technologiques issues de la recherche constituent, pour nous, une priorité et un axe stratégique fort.